Dans son dernier Bulletin conjoncturel de l'économie tunisienne, la Banque mondiale alerte sur les effets négatifs de la structure des subventions de blé. L'institution indique que même si les fondements de ce mécanisme ont maintenu des prix bas et stables pour les consommateurs finaux, elle a, néanmoins, eu des " résultats négatifs pour le budget de l'État, l'ensemble de la filière céréalière et pour la sécurité alimentaire des Tunisiens ".
La Banque mondiale met en lumière les dommages subis par les agriculteurs, maillon principal de la sécurité alimentaire du pays, qui abandonnent de plus en plus la culture du blé. Le prêteur multilatéral explique qu'en " vendant le blé à des prix inférieurs à ceux du marché, les producteurs de blé subventionnent la filière céréalière depuis une décennie ".
En effet, les subventions impétrées par les agriculteurs se révèlent être négatives car depuis 2010, l'Office des Céréales leur a acheté du blé, ainsi que de l'orge et du triticale à " des prix inférieurs à ceux du marché ".
La situation des agriculteurs, qui ont toujours joué un rôle important dans la réduction de la pauvreté et l'amélioration de la sécurité alimentaire, devient de plus en plus précaire. Le rapport de la Banque mondiale explique que " le soutien aux agriculteurs de plus en plus négatif a contribué à réduire la production locale de blé dur et de blé tendre ".
L'institution de Bretton Woods a également relevé une corrélation positive entre la réduction du soutien des prix à la production des agriculteurs de blé et les superficies emblavées pour le blé.
Pour soigner la structure des subventions il faut ériger " un calendrier progressif avec des acteurs nationaux et réfléchir à une option de transferts pour des personnes au lieu d'opter pour des subventions des prix, sans provoquer d'instabilité ", indique le directeur de la Banque Mondiale en Tunisie, Alexandre Arrobio.
Il est à ajouter que les pressions inflationnistes rendent le système des subventions peu résistant aux chocs étant donné qu'elles sont importées des marchés mondiaux. La Banque mondiale rappelle, en outre, que le niveau général des prix a augmenté et que l'inflation a dépassé son niveau historique de mi-2018. L'institution note également que la Banque Centrale de Tunisie (BCT) a relevé son taux directeur de 0,75 point de base, une première depuis octobre 2020.
Mariem Ben Yahia
Publié le 09/09/22 09:08