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Intervenant dans l'émission Midi Show sur les ondes de la Radio Mosaïque Fm, le président du Syndicat des pharmaciens d'officine de Tunisie, Naoufel Amira, a révélé que le secteur pharmaceutique tunisien fait face à d'importantes difficultés, avec la pénurie de médicaments en tête de liste.
Selon lui, ces problèmes sont principalement attribuables à des contraintes financières et de gouvernance. Il a précisé dans ce sens que " 40% des médicaments utilisés par les Tunisiens sont importés par la Pharmacie centrale, qui est actuellement aux prises avec d'importants problèmes financiers ".
En revanche, la pénurie ne concerne que les produits importés, car l'industrie nationale se porte relativement bien malgré les défis auxquels elle est confrontée.
Il a souligné que sur le terrain, les Tunisiens ne peuvent plus tolérer le manque de médicaments, car ils se sont habitués à ce que l'État tunisien soit très performant dans ce domaine. " Nous avons pris l'habitude de considérer notre secteur comme étant bien organisé. Les citoyens tunisiens étaient dans des conditions bien meilleures en termes d'accessibilité. Environ 90 % de ce problème est lié à la disponibilité de devises, et seulement 10 % sont attribués à des problèmes de gouvernance ".
Pharmacie Centrale, entre dettes massives et manque de confiance
Concernant la situation financière de la Pharmacie centrale, il a noté que son encours d'endettement a atteint environ 800 millions de dinars. Ces chiffres n'ont pas connu d'augmentation exponentielle en raison d'une certaine rationalisation de l'offre. Cependant, si l'on prenait en compte nos besoins réels, y compris le stock stratégique, la facture serait bien plus élevée.
M. Amira a insisté sur le fait que bien que la pénurie ait été initialement temporaire, cette situation provisoire s'est prolongée, ce qui a fortement impacté la confiance du public. Il a souligné l'importance de restaurer rapidement cette confiance. " La Pharmacie centrale, aux prises avec des problèmes financiers, prive actuellement les Tunisiens de l'accès aux médicaments les plus efficaces. Cette situation entrave également la CNAM dans sa tâche de mise à jour de la liste des produits remboursables ", a-t-il indiqué.
Le président du Syndicat des pharmaciens d'officine de Tunisie a conclu en rappelant qu'aucun pays ne peut prétendre à une totale indépendance en matière de production de médicaments. Le monde moderne fonctionne sur une interdépendance, car il existe un marché mondial pour les médicaments. Construire une usine de production pour répondre à de faibles demandes, comme seulement 1000 boîtes par an, n'est pas économiquement viable.
Il a au final noté que la production de médicaments requiert l'utilisation de technologies avancées et spécialisées, et il est difficile pour un seul pays de maîtriser l'ensemble de ces technologies. D'autres pays plus avancés ont accumulé plus de deux siècles d'expérience dans ce domaine, alors que la Tunisie n'en a que 30 ans.
Jihen MKEHLI
Publié le 25/08/23 09:22
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