Idrissa NASSA, Chairman Coris Bank : « Il faut que nous ayons des banques locales très fortes et bien capitalisées »

 Malgré la présence des banques internationales implantées depuis 30 ans en Afrique de l'Ouest, M. Idrissa NASSA a réussi le pari de positionner Coris Bank International en pole position des institutions financières de la zone UEMOA (Union Monétaire et Économique Ouest Africaine) avec, notamment, des filiales dans neuf pays. Une success story qui ne cesse de grandir et nourrir de fortes ambitions panafricaines.

Rencontré en marge des Journées Annuelles du Club des dirigeants de banques et établissements de crédit d'Afrique, le champion burkinabé de la finance, devenu l'un des grands capitaines de l'industrie de la finance en Afrique, nous parlera dans cette interview de l'avenir des banques régionales, de la Tunisie et de ses propres ambitions.  

Qu'en est-il des activités de Coris Bank en Afrique ?

Coris Bank est une banque sous-régionale Ouest Africaine a démarré ses activités au Burkina Faso en 2001. La banque couvre aujourd'hui tous les pays de l'Union Monétaire Ouest-Africaine (UMOA) et la Guinée. Elle est présente actuellement dans 9 pays et son total bilan dépasse les deux milliards d'euros. 

C'est une banque qui se porte bien et dont l'activité est essentiellement orientée vers les Petites et Moyennes Entreprises (PME), ce qui lui permet de contribuer de façon efficace au financement des pays dans lesquels elle est implantée.

Votre évolution dans l'économie réelle avant de se lancer dans le secteur bancaire avait-elle contribué à la réussite de l'activité de Coris Bank ?

C'est une expérience très enrichissante dans la mesure où moi-même j'ai évolué dans l'économie réelle avant de m'engager dans la banque.

Financer l'économie réelle à travers les entreprises et, surtout les PME, contribue de façon véritable à la lutte contre la pauvreté et au développement des économies au niveau local mais aussi au développement des pays, de manière globale.

C'est pour cela que les banques régionales ont un grand avenir devant elles. Vous voyez bien l'évolution du monde actuel. Il y a des difficultés à tous les niveaux, donc, les banques occidentales ou étrangères qui sont installées sur nos marchés ont aussi leur propre réalité. On constate que certaines délaissent le marché pour se reconcentrer sur les leurs.

Il est important que nous ayons des banques locales très fortes et bien capitalisées pour qu'elles puissent reprendre cette activité et financer l'économie. Il n'y a pas de développement sans financement. Pour pouvoir bien accompagner les entreprises et financer comme il se doit l'économie, il faut avoir une sensibilité locale et patriotique. C'est important.

Au niveau des capitaux et des acteurs du marché, il est nécessaire que nos gouvernements puissent accorder beaucoup plus de place aux banques locales pour leur donner toutes les chances de se développer et entraîner un développement global de l'économie et des pays.

Est-ce que vous vous intéressez au marché tunisien ?

Nous avons postulé pour la reprise de la Banque Zitouna en Tunisie. Malheureusement, nous n'avons pas été retenus parce qu'il y a eu une meilleure offre par rapport à la nôtre. Nous ne regrettons pas mais nous gardons nos ambitions pour la Tunisie et si une autre opportunité se présente, nous sommes disposés à la saisir.

Il faut dire, qu'au-delà de la banque classique, nous sommes le précurseur de la banque islamique en Afrique de l'Ouest. Sur la plupart de nos filiales, nous en avons qui travaillent sur la finance islamique et qui marchent très bien.

Il ne faut pas oublier qu'en Afrique de l'Ouest, nous avons une communauté maghrébine majoritairement musulmane qui a aussi une sensibilité religieuse. Certains veulent travailler avec les banques tout en voulant des relations qui correspondent à leur sensibilité religieuse.

Les produits de la finance islamique que nous offrons sur lesquels il n'y a pas de taux d'intérêt correspondent aux attentes de cette partie de la population. Nous arrivons vraiment à les satisfaire et à les servir.

Quelles sont vos ambitions sur 2023 ?   

Coris Bank est une banque ambitieuse et tournée vers le développement. Nous avons, aujourd'hui, couvert tous les pays de l'UEMOA, qui est l'espace communautaire dans lequel nous sommes bien positionnés.

Notre ambition pour cette année est d'aborder d'autres marchés, notamment en Afrique centrale. C'est un processus que nous avons engagé depuis le début de l'année et sur lequel nous allons travailler en espérant avoir d'autres ouvertures d'ici la fin de l'année pour élargir davantage notre réseau.

Propos recueillis par Omar El Oudi

Publié le 10/02/23 10:23