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Dans tous les pays du monde qui veulent marquer une vraie rupture avec les pratiques discriminatoires et les problèmes sous-jacents de leur monde d'affaires, ils interviennent à travers des instruments simples et clairs pour couper court à ceux qui ont bénéficié d'un cadre règlementaire qui protégeait leurs intérêts. Chez nous, en Tunisie postrévolutionnaire, nous sommes loin voir trop loin de tout ça.
En fait, nous disposons de nouveaux éléments qui témoignent encore du flou qui a entouré l'appel d'offres relatif à la concession de l'exploitation des magasins Duty-Free des aéroports tunisiens dont nous avons révélé les résultats des offres financières.
Ainsi, nulle part dans le dossier d‘appel d'offres de l'OACA ne se trouvaient des articles éthiques dont l'objectif est d'éliminer les entreprises ayant encore ou ayant eu des liens avec l'ancien régime. Pourtant les exemples qui auraient pu inspirer l'OACA ne manquent pas. A titre d'exemple, l'appel d'offres n° 1/2014 publié par la Société Promosport concernant un marché informatique, contient deux articles clairs dont la seule présence dans le cahier des charges suffit à interdire la participation à toutes les entreprises qui avaient l'habitude de remporter les appels d'offres uniquement grâce à leurs liens directs avec les familles régnantes de l'époque.
A cet égard, peut-on lire dans l'appel d'offres de la société Promosport en annexe A5 et A6 deux documents à remplir par les candidats, à savoir une déclaration sur l'honneur de non influence et une déclaration sur l'honneur de non conflit d'intérêt.
Les textes sont clairs et celui qui les a intégrés dans le cahier des charges a pris toutes les précautions pour que les entreprises glauques n'aient même pas la tentation de participer à l'appel d'offres puisque cette annexe fait référence au passé comme au présent ou au futur.
L'OACA qui a mis prés de 6 mois pour finaliser le cahier des charges de son appel d'offres a «oublié» de mettre ces deux annexes essentielles. Pourquoi ? On ne le sait pas. Pourtant il suffisait de reproduire les modèles d'appel d'offres de l'Etat tunisien pour ne pas oublier une telle condition. Doit-on demander des comptes immédiatement à l'OACA ou à son autorité de tutelle, le ministère des Transports ?
Attendons de voir la suite avant de juger le sérieux et la rigueur des fonctionnaires de l'OACA dont des directeurs centraux, détachés auprès de Dufry d'ailleurs, sont payés plus de 110.000 dinars par an. Nous ne les accusons ni de compromission, ni de conflit d'intérêt pour l'instant. D'ailleurs, à propos du conflit d'intérêt justement, examinons l'annexe 7 qui figure en bonne place de l'appel d'offres de Promosport et malheureusement «oubliée» dans celui de l'OACA, et qui précise que le candidat soumissionnaire doit déclarer sur l'honneur qu'il n'était pas un agent au sein de l'entreprise publique Promosport depuis au moins cinq ans.
C'est un minimum. Il s'agit d'une précaution salutaire pour que tous les fonctionnaires ne se transforment pas en futurs chefs d'entreprise dès lors que leur entreprise publique se propose de lancer un appel d'offres.
Le problème concernant l'OACA est que les fonctionnaires chargés de rédiger cet appel d'offres ont aussi oublié de mettre cette annexe. Décidément on va finir par croire que ceux qui gèrent l'aviation tunisienne sont tous atteints d'Alzheimer.
Détrompez-vous, Ils sont tous extrêmement «intelligents» au point d'escamoter des annexes essentielles qui auraient éliminé par leur simple présence dans le cahier des charges de cet appel d'offres des sociétés comme Dufry ou ATU filiale de TAV (si on tient compte du montage financier).
Bizarrement, les annexes A5, A6 et A7 ont été écartées par l'OACA de la rédaction de son propre cahier des charges. Est-ce que pour s'assurer notamment que ces entreprises ne soient pas éliminées de la course ? Force est de constater dans ce cas que le ministère du Transport n'a pas fait le ménage dans cet appel d'offres qui par conséquent devrait être revu.
In fine, nous appelons encore une fois la présidence du gouvernement à frapper fort pour casser cette spirale négative et à donner des leçons d'intégrité aux parties qui voulaient en tirer profit au détriment de l'intérêt national.
Omar El Oudi
Publié le 05/09/14 10:05
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