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Tunisie - Chine : Quand la modernisation devient une histoire partagée

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Ce qu'il faut retenir de la modernisation chinoise, c'est qu'elle ne se limite pas à des infrastructures gigantesques ou à des prouesses technologiques. Elle est avant tout une expérience humaine, capable de transformer des vies et de réduire les inégalités. En Chine, j'ai pu constater, à douze ans d'intervalle, une évolution impressionnante : des campagnes connectées, des villes plus vertes, des services de santé accessibles grâce au numérique. Cette modernisation, à la fois rapide et inclusive, interpelle la Tunisie et l'Afrique, qui cherchent elles aussi à tracer leur propre voie vers un développement durable et équitable.

 

 

Douze ans séparent mes deux voyages en Chine. En 2012, j'y ai découvert un pays déjà lancé à grande vitesse vers la modernisation. En 2024, j'ai retrouvé une société encore plus transformée, mais restée fidèle à son identité. Entre tradition et innovation, le modèle chinois interpelle la Tunisie et l'Afrique, à l'heure où elles cherchent elles aussi à inventer leur propre chemin vers le progrès.

Pékin 2012 : le choc de la modernité

Mon premier voyage en Chine remonte à 2012. J'avais alors été frappé par la densité des villes, l'énergie palpable dans les rues, la vitesse avec laquelle les infrastructures semblaient pousser comme des champignons. Pékin m'avait donné l'image d'une mégalopole en perpétuelle effervescence, où l'ancien et le nouveau cohabitaient dans une harmonie étonnante.

D'un côté, la Cité interdite et ses murailles millénaires. De l'autre, des gratte-ciel flambant neufs, des métros ultramodernes et des avenues bondées de voitures électriques naissantes.

À l'époque, la modernisation chinoise me semblait spectaculaire, presque irréelle. Pourtant, derrière cette façade impressionnante, je percevais déjà la logique profonde d'un modèle pensé sur le long terme, où chaque projet, chaque ligne de chemin de fer, chaque zone industrielle avait sa place dans une stratégie nationale claire.

Shanghai 2024 : le futur déjà là

Douze ans plus tard, mon second voyage en 2024 m'a confronté à une Chine encore plus avancée, où la modernisation ne se limite plus à la construction d'infrastructures, mais touche directement la vie quotidienne des citoyens. À Shanghai, les taxis autonomes circulent dans les rues, les paiements se font en un clic, et les quartiers entiers fonctionnent grâce à des énergies renouvelables.

Mais au-delà des prouesses technologiques, ce qui m'a marqué, c'est la dimension humaine de cette transformation. Dans les campagnes, j'ai découvert des villages connectés, où l'agriculture intelligente permet aux fermiers de surveiller leurs récoltes à distance, de vendre leurs produits en ligne et d'améliorer leurs revenus. Dans les hôpitaux, la télémédecine rend accessibles des soins de qualité à des populations éloignées.

Cette modernisation, à la fois rapide et inclusive, révèle une ambition claire : ne laisser personne en marge du progrès. Elle ne se contente pas de bâtir des ponts, des trains à grande vitesse ou des gratte-ciel. Elle tend la main aux villages reculés, relie les zones rurales aux grandes métropoles et intègre les citoyens les plus modestes dans la dynamique nationale. Chaque innovation, qu'il s'agisse d'agriculture intelligente, de télé-médecine ou d'énergie renouvelable, est pensée pour réduire les écarts et offrir à chacun une place dans le futur.

Une source d'inspiration pour la Tunisie

Observer ce chemin m'a conduit à réfléchir à la situation tunisienne. Notre pays partage avec la Chine un profond attachement à son histoire et à son patrimoine, mais il aspire aussi à s'inscrire dans la modernité. La différence réside dans l'échelle et dans la capacité à traduire une vision en politiques concrètes.

En Tunisie, nous avons les talents, l'énergie et l'intelligence collective pour avancer. Ce qui manque souvent, c'est la cohérence et la continuité dans les choix. Le modèle chinois, sans être transposable à l'identique, peut inspirer une méthode : fixer une trajectoire claire, investir dans l'éducation, encourager l'innovation et donner aux régions défavorisées une chance réelle de se développer.

Ceci pour dire que la relation entre la Tunisie et la Chine n'est pas une idée abstraite. Elle se traduit par des projets concrets. Les entreprises chinoises participent à la construction de routes et de centrales solaires. La coopération médicale a pris une dimension particulière pendant la pandémie, avec l'envoi de matériel et de vaccins qui ont soulagé nos hôpitaux. Sur le plan éducatif, des dizaines de jeunes Tunisiens poursuivent leurs études dans les universités chinoises, dans des domaines allant de l'ingénierie à l'intelligence artificielle.

Ces échanges vont au-delà de la technique. Ils créent des passerelles humaines, des récits personnels qui nourrissent une compréhension mutuelle. Chaque étudiant tunisien formé en Chine revient avec une expérience qui enrichit notre pays. Chaque projet économique partagé devient une pierre posée dans la construction d'un avenir commun.

La modernisation à visage humain

Ce qui distingue la modernisation à la chinoise, c'est son caractère profondément humain. Sortir des centaines de millions de personnes de la pauvreté n'est pas seulement une performance économique, c'est un choix de société. Développer des infrastructures qui réduisent les distances entre les campagnes et les métropoles, ce n'est pas seulement bâtir des ponts et des autoroutes, c'est rapprocher des vies.

En Tunisie, où les fractures régionales restent un défi majeur, cette approche mérite d'être méditée. Moderniser ne doit pas signifier uniformiser, mais offrir à chaque citoyen, qu'il vive à Tunis, à Gafsa ou à Kasserine, les moyens de vivre dignement et de contribuer au progrès collectif.

L'avenir de la coopération tuniso-chinoise réside peut-être dans la recherche de solutions adaptées à nos réalités. La Chine, forte de son expérience, peut être un partenaire dans la transition énergétique, en nous aidant à tirer parti de notre potentiel solaire. Elle peut aussi contribuer à la digitalisation de notre économie, en facilitant l'accès des jeunes entrepreneurs tunisiens aux technologies numériques. Dans le domaine agricole, ses savoir-faire en irrigation et en agro-industrie peuvent inspirer des projets pilotes dans nos régions intérieures.

Mais cette coopération ne doit pas être un simple transfert du Nord vers le Sud. Elle doit devenir une co-création, un échange équilibré où chacun apporte sa vision et son expérience. La Tunisie, par sa position géographique et son ouverture culturelle, peut jouer un rôle de passerelle entre la Chine et l'Afrique, contribuant à bâtir une modernisation africaine à visage humain.

Ainsi, en 2012, j'avais vu une Chine en construction accélérée. En 2024, j'ai découvert une Chine déjà projetée dans l'avenir, mais restée fidèle à son identité. Entre ces deux voyages, j'ai compris que la modernisation ne se résume pas à des chiffres, mais qu'elle se mesure à la manière dont elle change la vie des gens.

Pour la Tunisie et pour l'Afrique, le modèle chinois est une invitation à inventer notre propre chemin. Un chemin qui conjugue mémoire et innovation, identité et ouverture, dignité et progrès. La modernisation, au fond, n'est pas un modèle à copier, mais une inspiration à transformer.

 

Omar El Oudi

 

Publié le 12/09/25 12:31

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