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Face à l'urgence climatique et aux nouvelles règles du jeu imposées par l'Union européenne, la STB Bank a organisé ce lundi la première édition du Green Value Forum, un événement entièrement dédié aux entreprises exportatrices tunisiennes.
L'événement a réuni à l'amphithéâtre de la Cité des Sciences un panel d'experts, de responsables d'entreprises, de représentants des médias, mais aussi les équipes internes de la banque, venues nombreuses assister à cette journée dédiée à l'action climatique et à la compétitivité.
L'événement, présidé par le directeur général de la STB, Rachid Batita, s'inscrit pleinement dans la stratégie RSE de la STB, qui entend jouer un rôle actif dans la transformation du tissu économique national. Car la pression est bien réelle. Avec le Mécanisme d'Ajustement Carbone aux Frontières (MACF) désormais enclenché, les exportateurs tunisiens doivent s'adapter à un nouveau cadre réglementaire européen, exigeant et contraignant.
D'où l'objectif de ce forum : sensibiliser, expliquer, donner des outils, mais aussi valoriser celles et ceux qui ont déjà entamé leur virage vers une industrie plus propre.
Une banque au service de l'intérêt national
En ouvrant le forum, Rachid Batita, directeur général de la STB, a tenu à rappeler le rôle fondamental que joue la banque dans cette nouvelle ère. Une banque publique, dit-il, se doit d'être une banque citoyenne, une banque responsable, proche des enjeux de son pays.
Et de préciser : " Aujourd'hui, nous ne sommes pas là pour vous vendre des produits STB. Nous sommes là pour garantir la pérennité de vos entreprises. Car sans vous, le tissu économique s'effondre, et avec lui le système bancaire. "
Pour lui, le rôle de la banque doit aller bien au-delà de l'intermédiation financière. Il doit être stratégique, collectif et engagé. " La STB, ce n'est pas juste une banque. C'est une mission. Et cette mission, c'est d'accompagner l'exportation tunisienne dans les grandes transitions à venir. "
Face à la pression croissante des marchés européens en matière de traçabilité carbone, il a insisté sur la nécessité de se conformer rapidement aux nouvelles normes. " Le MACF va bouleverser les règles du jeu. Si nous n'anticipons pas, nous perdrons des parts de marché. C'est aussi simple que ça. "
Le directeur général a souligné que la STB mettrait à disposition de ses clients non seulement des outils financiers, mais aussi un accompagnement technique, humain et durable. L'enjeu, dit-il, n'est pas seulement réglementaire : il est existentiel. " Ce forum est un signal. Il faut désormais mobiliser toutes les forces, toutes les expertises. Il y a urgence. "
Pour une finance verte crédible et accessible
En dressant un état des lieux des défis à surmonter, le directeur général de la STB a pointé l'un des freins les plus structurels à la transition verte : la difficulté, pour de nombreuses entreprises, notamment les PME, à monter des projets bancables. L'absence d'une taxonomie financière claire complique l'identification et l'éligibilité des projets dits " verts ".
Pour faire face, la STB assure avoir mis en place une démarche à la fois structurée et ambitieuse, fondée sur trois leviers complémentaires. Le premier repose sur l'organisation interne. " Nous avons intégré les critères ESG dans notre politique de financement ", a précisé Batita, ajoutant que cette politique RSE a été formellement validée par le Conseil d'administration. Une équipe dédiée accompagne désormais les porteurs de projets dans l'évaluation de l'impact environnemental de leurs activités.
Le deuxième levier évoqué concerne les partenariats stratégiques noués avec plusieurs acteurs nationaux : la Cité des Sciences, l'ANME (Agence Nationale pour la Maîtrise de l'Énergie) … " La STB ne veut pas seulement financer. Nous voulons conseiller, accompagner, expliquer ", a-t-il insisté.
Le troisième levier est le financement. La STB propose aujourd'hui des solutions sur mesure pour les investissements dans les énergies renouvelables, les transports propres, l'agriculture durable ou l'économie circulaire. Elle mobilise aussi des ressources internationales, notamment auprès de la Banque européenne d'investissement (BEI), tout en plaidant pour une meilleure orientation des fonds publics tunisiens vers ces projets à impact.
" La transition bas carbone n'est pas qu'un impératif écologique ", a indiqué le directeur général en conclusion. " C'est une opportunité économique et sociale. À la STB, nous sommes convaincus que la finance verte est un levier stratégique pour bâtir une économie tunisienne plus compétitive, plus inclusive et plus respectueuse de l'environnement. "
Et fidèle à sa philosophie, il rappelle encore : " Nous ne sommes pas ici pour vendre des produits. Nous sommes là pour vous accompagner. La STB n'est pas seulement une banque. C'est une mission. Et nous en sommes fiers. "
Un défi urgent et collectif
À travers des échanges concrets, la STB a tenu à présenter les contours de ce mécanisme encore mal compris par de nombreuses entreprises, à vulgariser la démarche du bilan carbone, et à mettre en lumière des solutions d'accompagnement concrètes, tunisiennes et accessibles, pour entamer dès aujourd'hui cette transition devenue impérative.
Pour poser le cadre, une keynote a été assurée par Noureddine Hajjeji, expert en analyse environnementale. Intitulée " Contexte national et international du bilan carbone : quels enjeux pour les entreprises ? ", son intervention a permis de faire un tour d'horizon des obligations juridiques, des engagements internationaux dont l'accord de Paris mais aussi des échéances à venir en matière d'accréditation et de compatibilité carbone.
" Ce n'est plus un luxe, ni un simple critère de différenciation. C'est une condition d'accès aux marchés. Une taxe carbone s'installe. Tous les secteurs vont y passer, tôt ou tard ", a-t-il averti. Selon lui, le défi est immense, notamment pour les PME, souvent démunies face à l'ampleur des nouvelles normes, mais il est encore temps de s'organiser.
Ensuite, plusieurs outils d'accompagnement ont été mis en lumière. L'ANME a présenté sa plateforme DecarboAct, conçue pour guider les entreprises dans l'élaboration de leur stratégie bas carbone. Un guide méthodologique leur est proposé, avec des étapes claires, des exemples concrets et des ressources à mobiliser.
Le ministère de l'Industrie, de son côté, a dévoilé les mécanismes d'encouragement et d'appui existants. Le CITET (Centre International des Technologies de l'Environnement de Tunis) a, lui aussi, exposé ses dispositifs et services dédiés à l'accompagnement technique et réglementaire, et ce, avec les témoignages d'entreprises tunisiennes engagées dans cette voie.
Le message clair qui ressort de cette journée, c'est que la transition écologique, hier encore perçue comme lointaine, s'impose désormais comme une urgence stratégique pour les exportateurs tunisiens. Et c'est main dans la main, banques, experts, institutions, entreprises, qu'elle devra s'opérer.
Jihen MKEHLI
Publié le 30/06/25 13:59
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