Dans un contexte de crise économique et financière, marqué par une dépréciation vertigineuse de la livre locale, le Liban observe en outre des pénuries en série dont celle du carburant. La conjoncture du pays du Cèdre s'écorche encore plus avec la fin du programme aux subventions des carburants dès aujourd'hui, le 12 août 2021. L'annonce a été faite hier soir par la Banque du Liban (BDL), dont le gouverneur, Riad Salamé, a admis devant le haut conseil de La Défense ne plus pouvoir subventionner l'achat de carburant.
La levée des subventions multipliera par 5 les prix du carburant. Les vingt litres d'essence coûtent désormais 330.000 livres, représentant 50% du salaire minimum qui s'établit à 30 dollars.
Les réserves de la BDL sont passées de plus de 40 milliards de dollars en 2016 à 15 milliards de dollars au mois de mars 2021. Le programme de subvention au carburant coûte près de 3 milliards de dollars par an.
Par ailleurs, les autorités libanaises se sont engagées à maintenir le programme des subventions jusqu'à ce qu'une stratégie de rationnement soit mise en place pour les populations les plus vulnérables.
Sans préavis, la nouvelle a suscité l'ire de la population échaudée par une conjoncture des plus tendues depuis 1850. Des émeutes nocturnes ont eu lieu dans la ville de Tripoli, symbole de la misère et région la plus pauvre du Liban. Au moins sept personnes ont été blessées hier soir, selon les données de la Croix-Rouge libanaise.
La population libanaise est mise à mal par la nouvelle hausse puisque l'augmentation du prix des carburants s'étendra directement sur les prix des transports, des denrées alimentaires de base, des services de santé qui ont explosé depuis le début de la crise à l'automne 2019. La crise du carburant malmène depuis près de deux l'accès aux droits fondamentaux. En effet, les hôpitaux libanais se retrouvent à court de moyens et peinent à disposer de la climatisation et de l'éclairage.
Mariem Ben Yahia
Publié le 12/08/21 12:01