En plein effondrement économique, le Liban augmente le prix des carburants de près de 70%

Malgré une situation économique ardue, les Libanais se retrouvent encore une fois pris à la gorge avec une nouvelle augmentation de près de 70% des prix des carburants, frappés par une levée des subventions effective depuis le 11 août.

Les nouveaux tarifs officiels publiés par la direction du pétrole, rattachée au ministère libanais de l'Énergie, les 20 litres d'essence à 95 octane passent de 77.500 à 129 livres alors que le bidon de mazout coûte désormais 101.500 livres, contre 58.500 auparavant.

La bonbonne de gaz ménager voit son prix exploser de 50%. Les prix affichés par les autorités libanaises risquent de ne pas être appliqués " au vu du peu de contrôle exercé par les pouvoirs publics sur ce marché ", explique le quotidien libanais, L'Orient-Le Jour.

Le Liban essuie une crise politique et un effondrement économique sans précédent. Faute de réapprovisionnement et de stock disponible, les distributeurs de carburant démantèlent les pompes des stations essence qui ne peuvent plus répondre à la demande des Libanais. La compagnie pétrolière clé, qui opère depuis 1926 au Liban, a annoncé l'arrêt de ses opérations, en sus de Total, qui peine également à fournir du carburant à sa clientèle.

Les pénuries de carburant réduisent considérablement la garantie du droit à la santé puisque les hôpitaux se voient privés d'électricité, faute de mazout. La semaine dernière un hôpital de premier plan de la capitale libanaise, Beyrouth, risquait de perdre la vie de 230 patients en raison de l'arrêt des appareils respiratoires. Néanmoins, un approvisionnement temporaire en diesel a été livré à l'hôpital, ce qui a permis de limiter les pertes humaines.

Malgré un gouvernement défectueux et une classe politique contestés par la population libanaise, un soulagement à court terme pourrait être apporté. L'allié et le parrain du Hezbollah, l'Iran, a déclaré lundi qu'il était prêt à livrer plus de carburant au Liban. Toujours est-il que les exportations de pétrole iranien sont sous embargo américain, ce qui exposerait le pays du Cèdre à des sanctions. Un accommodement octroyé par Washington pourrait légèrement améliorer le sort des Libanais. 

Le Liban risque de se trouver de plus en plus à sec en accumulant des pénuries d'eau en raison du manque d'eau salubre et d'un assainissement insuffisant. Les cris d'alarme émanent de diverses instances, telles que le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF). L'agence onusienne avait averti que 71% de la population libanaise pourrait manquer d'eau cet été.

Malheureusement, les projections semblent se confirmer à travers de nombreux dysfonctionnements au niveau des services essentiels. L'UNICEF alarme également sur le coût de l'eau qui pourrait augmenter de 200% par mois dans le cas où des fournisseurs privés détiendraient le monopole.

Mariem ben Yahia

Publié le 23/08/21 08:33