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Brahim SANAA : J'ai une grande confiance en l'avenir de Carthage Cement

ISIN : TN0007400013 - Ticker : CC

Quand bien même sa fragilisation, Carthage Cement est restée debout et résiliente face à une conjoncture brulante. Son cours boursier a presque touché le fond des abysses. Et sur le plan financier, la société a connu des vagues de suffocation et un manque d'air. Aujourd'hui, elle respire à nouveau l'air. Brahim Sanaa, DG de Carthage Cement, revient sur les perturbations du secteur, sur les perspectives d'amélioration de la conjoncture et l'avenir de Carthage Cement. Entretien.

D'ores et déjà, Carthage Cement avait commencé la production vers la fin de 2013. Et a enchaîné avec les travaux de commercialisation en 2014. " Le marché était déjà excédentaire et l'offre dépasse amplement la demande ", a lancé Brahim Sanaa. En effet, la capacité de production du secteur de ciment était de 10.5 millions de tonne par an alors que la consommation ne dépassait pas la barre des 7 millions de tonnes. 

" Le démarrage était dans un contexte très compliqué ", a ajouté le DG de Carthage Cement. Et ce, à cause de plusieurs handicaps. Premièrement, il s'agit d'une société à endettement bancaire exorbitant, ce qui a le don de générer des frais financiers de poids. En 2014, ces frais en question étaient de l'ordre de 44 millions de dinars. Et aujourd'hui, ils flirtent avec la barre des 80 millions à cause de la fluctuation et le choc des taux.

" Puis y avait le contrat de sous-traitance de l'exploitation avec la société NLS ", a martelé Brahim Sanaa. Ce contrat énonçait le prix 8,59 euros la tonne. Et d'enchainer : " Lors de la signature du contrat l'euro valait 1.78 dinar pour atteindre 3.2 dinars l'année dernière. En 5 ans d'exploitation, on a payé 193 millions de dinars ". Et de préciser que ce contrat avec NLS a gangréné et affaibli davantage les finances de la société.

Et avec ces moindres ressources et ces pertes sèches, c'est le problème du sureffectif qui a pointé le bout de son nez. " En 2014, Carthage Cement employait 888 personnes, et avec la cimenterie sous-traitée qui emploie 300 personnes, on a presque atteint les 1.200 comme effectif total ", regrette le DG. D'ailleurs, ce problème représente l'une des causes de l'échec de l'appel d'offres lancé par Al Karama Holding pour la cession du cimentier. " Lors de la cession, les potentiels acquéreurs ont écrit que le problème de sureffectif représente un problème structurel et réel ", a-t-il ajouté.

Pour pallier ces soucis, Carthage Cement a procédé en 2019 à des opérations de départs négociés. " Nous en sommes à présent à 860 personnes y compris la cimenterie. Et les transferts des travailleurs de NLS à Carthage Cement se sont passés sans pressions et sans perturbations sociales ". 

Quant à l'endettement, l'opération d'augmentation de capital a été lancée, entre autres, dans le but d'alléger le poids de la dette de la société. Les dernières négociations avec les banques, qui ont accepté de participer à l'augmentation de capital, ont abouti à un rééchelonnement de la dette qui s'élève à 518 millions de dinars à fin décembre 2019. " Cet accord consiste en le remboursement d'une partie de la dette, juste après l'augmentation de capital, et le rééchelonnement du restant de la dette sur une période de 12 ans avec 2 ans de grâce et la révision à la baisse du taux d'intérêt ", a souligné Brahim Sanaa.

Des pronostics d'amélioration en vue

" On a pu ainsi résoudre tous nos problèmes. Aujourd'hui nous avons 20% de parts de marché sans oublier que nous sommes implantés sur le Grand Tunis, là où 35% de la consommation nationale (6,498 millions de tonnes en 2019) est écoulée ", assène le DG de Carthage Cement. Aujourd'hui, la société maîtrise ses marchés de Clinker sur l'Afrique Subsaharienne. " Lorsqu'on dispose de 50 millions de dinars de stocks, on se doit d'essayer de l'écouler. On a donc conquis le marché local par les prix et par la qualité ".

Sur un autre plan et pour préserver sa position de leader, Carthage Cement a obtenu la certification de ses produits conformément aux exigences du marquage CE (normes européennes) ce qui lui permettra la pénétration d'un nouveau marché, soit le marché européen. " Les bureaux européens de contrôle et de certification se sont assurés que le système de production soit stable et que le produit soit de bonne qualité ", souligne Brahim Sanaa.

A partir du mois prochain, Carthage Cement ira conquérir le marché européen grâce à un contrat export de 150 mille tonnes et autant en option. La première cargaison sera livrée vers l'Italie. " On commencera petit à petit puisqu'on ne maitrise pas assez le marché européen. Cette opération constitue un nouvel horizon et une nouvelle opportunité pour la société dans le cadre de la diversification des destinations de ses produits ", ajoute le DG de la société.

Une conjoncture pas si facile

La compagnie a pu réaliser tout ça en 5 ans alors que le contexte général du secteur du ciment est marqué par une quasi-stagnation en termes de production dont le volume s'est stabilisé entre 2011 et 2019 aux alentours de 6,5 à 7 millions de tonnes par an.

Néanmoins, selon Brahim Sanaa, la conjoncture s'améliore pour le secteur et pour Carthage Cement plus particulièrement. La dernière étape, la restructuration financière, se fera au fur et à mesure. " Nous sommes optimistes quant à l'amélioration de la situation de Carthage Cement. Nous sommes en train d'évoluer sur tous les plans ", déclare le DG de la société. 

Concernant les investissements et les projets de développement, des projets particulièrement rentables ont été énoncés par le DG dont l'un tourne autour des économies d'énergie. L'amélioration du fonds de roulement prévu après l'augmentation de capital permettra à la société de concrétiser plusieurs autres projets d'investissement. " On a programmé aussi un deuxième investissement lourd, un concasseur agrégat de nouvelle génération, ce qui permettra d'optimiser notre production. Nous sommes aussi en train de développer et de renouveler notre parc d'engins de transport. Nous avons confiance en l'avenir et nous ne pouvons que nous améliorer davantage ", déclare Brahim Sanaa. 

D'ailleurs, souligne le DG, les réalisations à fin 2019 sont conformes aux prévisions. Le cimentier affiche l'année dernière un RBE de 72 millions de dinars, contre 31 millions en 2018. Pour les ciments, la production annuelle a enregistré une hausse de 17% qui s'explique par l'accroissement des ventes aussi bien sur le marché local que de l'export. La société a clôturé l'année 2019 avec un chiffre d'affaires global en hausse de 5% pour atteindre 249 millions de dinars. " Notre business plan est sain et nous avons été très réservés dans nos prévisions commerciales et on nous a même accusé de pessimisme ".

Pour clôturer, M. Sanaa tient à rassurer que, malgré les facteurs exogènes, notamment la hausse du TMM et la dépréciation du dinar, " Nous avons confiance en l'avenir et nous ne pouvons que nous améliorer davantage. L'opération d'augmentation de capital représente la dernière phase dans le processus de restructuration financière de la société avant le lancement d'un deuxième appel d'offres international prévu au plus tard pour début d'avril prochain ".

Propos recueillis par Omar El Oudi 

Publié le 20/02/20 15:20

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