ilboursa.com

Industrie : La stratégie marocaine de PSA Peugeot Citroën

ISIN : MA0000000050 - Ticker : MASI.ma

La nouvelle usine du constructeur automobile à Kénitra sera opérationnelle en 2019. Un projet stratégique, aussi bien pour l'industriel français que pour l'Etat marocain. Le point.

Quand quelqu'un s'installe au Maroc, il fait partie de la famille et nous avons pour mission de protéger sa compétitivité”. Parole de Moulay Hafid Elalamy. Le 15 juin, c'est un ministre de l'Industrie chaleureux et confiant qui a inauguré, avec le PDG du Groupe, Carlos Tavares, les travaux de l'usine PSA. Un projet qui ambitionne d'asseoir la stratégie africaine de PSA tout en renforçant l'industrie automobile marocaine. Alors que 30 personnes ont déjà été recrutées, l'objectif est de créer 3500 emplois directs (dont 1500 dès l'ouverture) et 20 000 indirects. 90 000 véhicules seront produits dès la première année et l'usine espère atteindre, à terme, une cadence annuelle de 200 000 unités et autant de moteurs qui leur seront destinés.

Le projet totalise un investissement de 557 millions d'euros (environ 6 milliards de dirhams), financés à la fois par le groupe et par d'autres partenaires financiers institutionnels, dont notamment Fipar Holding (filiale de la CDG), le Fonds Hassan II pour le développement économique et social et l'Etat marocain.

Intégration : PSA double Renault

Là où Renault-Nissan - qui fête sa millionième voiture produite depuis son installation à Tanger en 2012 - connaît actuellement un taux d'intégration de l'ordre de 35%, le groupe PSA affiche de fortes ambitions en termes de fabrication locale des pièces, s'étant engagé sur un taux d'intégration de 60% au démarrage et 80% à terme. Il s'agit pour Moulay Hafid Elalamy d'un enjeu crucial : “On ne peut pas prétendre avoir de la vraie valeur ajoutée et permettre à nos partenaires de bénéficier de gains de productivité et d'échelle en ayant des taux d'intégration faibles. Pour le Maroc, cela ne ferait pas une sérieuse industrialisation, et pour nos partenaires, il n'y aurait pas de gain substantiel permettant de leur donner une compétitivité”, explique le ministre de l'Industrie.

Le groupe PSA, qui se fournissait déjà au Maroc avant de s'y implanter (notamment en câblage, sièges et habillage textile) pourra compter sur la mise en place d'un parc de fournisseurs de 37 hectares sur le site de Kénitra, dont 65% sont déjà affectés.

Avec l'arrivée d'un écosystème d'ampleur, la province de Kénitra est en passe de devenir le troisième pôle industriel du Maroc, après Casablanca et Tanger. De nombreux projets d'infrastructures accompagnent ce développement, notamment le projet de port Kénitra-Atlantique (qui avait repris du souffle avec la confirmation de l'arrivée du groupe) et la nouvelle gare LGV. Mais l'écosystème PSA ne se limitera pas aux frontières de Kénitra.

De grands groupes étrangers arrivent au Maroc dans le sillage du constructeur, comme par exemple Faurecia, leader mondial de l'armature des sièges auto, présent à Kénitra depuis 2009 et qui vient d'inaugurer sa deuxième usine à Salé. L'équipementier ne compte pas s'arrêter là et prévoit d'ores et déjà le lancement d'une troisième usine à Kénitra en 2018. Avec 170 millions de dirhams d'investissement, l'usine de Salé emploie actuellement 1300 personnes et fabrique chaque jour 10 000 coiffes en cuir et textile de sièges automobiles pour équiper les modèles 3008 et 5008 de Peugeot.

L'offensive régionale

Le groupe PSA ambitionne de vendre un million de véhicules en Afrique et au Moyen-Orient à l'horizon 2025. Il occuperait ainsi un huitième de parts de marché, tous constructeurs confondus. Une vraie montée en puissance, sachant que le groupe n'a écoulé en 2016 que 383 000 véhicules dans la zone. Parmi ce million, 70% des véhicules (soit 700 000) seront produits dans la région. Avec ses 200 000 véhicules projetés, l'usine marocaine assurera donc près de 30% de la production régionale.

En Iran, deux usines, Peugeot et Citroën, ont été implantées début 2017, qui assureront à terme 300 000 véhicules. En Ethiopie et au Nigeria, de petites lignes de production sont déjà sorties de terre et une autre est en cours de construction à Tunis, qui devrait produire environ 100 000 unités. Le groupe voit également du côté du voisin algérien : “Nous sommes prêts à signer. Il y a un nouveau gouvernement élu, on leur laisse le temps de connaître les dossiers. On attend leur feu vert”, nous indique la responsable communication régionale.

Si 80% de la production de Kénitra sera destinée à l'export sur le marché régional, dont la Turquie, la Tunisie, Israël, la Palestine, les pays du Golfe et d'Afrique subsaharienne, le groupe ne souhaite pas, pour l'instant, dévoiler les modèles qui seront fabriqués au Maroc. On nous précise simplement qu'“il s'agit de modèles des segments B et C (des citadines et des compactes, ndlr) et de lignes de production modulables, au niveau des usines européennes, sur le plan technologique, qui permettront la fabrication de véhicules hybrides.

Coup d'accélérateur

Le secteur automobile, devenu le premier poste exportateur du Maroc en 2016 devant les phosphates, n'en finit pas de grossir avec l'arrivée de PSA et l'implantation prévue d'un troisième constructeur, dont le ministre de l'Industrie garde l'identité secrète. La concrétisation du projet PSA portera à 600 000 unités la production annuelle marocaine, qui pourrait dans le futur atteindre un million de véhicules, ce qui permettrait au royaume d'attirer les équipementiers manquants, notamment dans le domaine des pneumatiques.

Autre axe du partenariat PSA-Mar oc, l'objectif fixé d'un milliard d'euros d'achats de pièces usinées au Maroc. “Je crois savoir que nous sommes à 646 millions d'euros actuellement. Nous sommes sur une trajectoire exactement dans les clous”, se réjouit Moulay Hafid Elalamy. Concernant l'objectif global de 500 000 emplois créés à l'horizon 2021, fixé dans le cadre de sa stratégie industrielle, le ministre nous confie que “170 000 ont déjà été créés et 480  000 sont engagés de manière certaine”. Aucun mot sur les destructions d'emplois dans l'industrie par contre.

Par Elsa Walter

Publié par Telquel N°775 du 28 juillet au 3 aout 2017

 

Publié le 05/08/17 10:16

Vous avez aimé cet article ? Partagez-le avec vos amis en cliquant sur les boutons ci-dessous :

ACTUALITES RELATIVES
05/11/2024 Les exportations marocaines dépassent les 30 milliards de dollars à fin septembre
30/10/2024 TotalEnergies lance un projet de production d’hydrogène vert à grande échelle au Maroc
30/10/2024 Top 10 des pays africains ayant le plus amélioré leurs infrastructures
29/10/2024 La France et le Maroc signent des accords d'investissement de 10 milliards d'euros
28/10/2024 Un niveau record de faillites d'entreprises attendu au Maroc en 2024
21/10/2024 Maroc : Le taux d'inflation chute à 0,8 % en septembre
10/10/2024 Fitch Ratings confirme la note du Maroc à 'BB+' avec perspective stable
10/10/2024 Maroc : Record historique de plus de 13 millions de touristes à fin septembre