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Forum de l'ASECTU : Les nouvelles voies de la transformation structurelle

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L'évolution continue du paysage économique mondial impose aux acteurs économiques de s'adapter en permanence pour rester compétitifs et prospères. Parmi les défis majeurs auxquels les économies sont confrontées, c'est la question de la transformation structurelle.

Ce concept, aussi ancien que l'économie elle-même, continue de susciter un vif intérêt, surtout à l'heure où de nouveaux facteurs, tels que la révolution numérique, qui a redéfinit les paradigmes économiques traditionnels.

Dans ce contexte, l'Association des Économistes Tunisiens (ASECTU) a organisé du 6 au 7 juin 2024 à Hammamet son forum axé sur "Transformation Structurelle : Problématique Ancienne, Nouvelles Perspectives", soutenu par le projet Savoirs éco. Ce programme, initié par Expertise France et financé par l'Union Européenne, vise à renforcer les structures productrices de savoir économique en Tunisie.

Le président de l'ASECTU, Habib Zitouna, lors d'une déclaration accordée à Ilboursa, a souligné l'importance de telles manifestations organisées par l'ASECTU. Il a mis en avant le caractère essentiel de ces rencontres, offrant aux économistes l'opportunité de partager leurs travaux, d'engager des discussions enrichissantes, et de présenter leurs recherches au sein d'un cadre propice à l'échange.

“Il est important d'organiser ce type de manifestation par notre association, car c'est l'occasion pour les économistes de se rencontrer, de partager leurs travaux, de discuter et d'exposer leurs recherches. C'est également un moment privilégié pour les collègues qui n'ont pas souvent l'opportunité de se retrouver, étant donné qu'ils proviennent d'universités différentes ou représentent différentes générations, incluant des professeurs, des doctorants, des jeunes et des moins jeunes. L'association joue un rôle essentiel en fédérant ces différents acteurs et en cherchant à susciter leur intérêt pour la discipline économique”, a-t-il souligné.

Un point de vue partagé avec Salma Zouari, professeur à l'Université de Carthage, qui nous a déclaré : “L'ASECTU poursuit plusieurs objectifs. D'abord, bien sûr, pour promouvoir la recherche fondamentale en économie, mais aussi pour contribuer à la réflexion générale sur les problèmes économiques du pays.

Lorsque l'ASECTU organise des événements comme le Forum, c'est l'occasion de rencontrer différentes générations d'économistes confirmés, dont certains sont retraités, de jeunes économistes en évolution professionnelle, et encore de plus jeunes économistes en formation. Rassembler toutes ces personnes ne peut qu'avoir un effet positif pour tout le monde, et nous espérons que cela aura également un impact positif sur l'économie nationale.”

La transformation structurelle et ses implications : sujet à discuter

Quant au thème central de cette édition, Habib Zitouna a mis en lumière la question de la transformation structurelle, marquée par le passage des activités économiques à faible valeur ajoutée à celles à forte valeur ajoutée. Quand il a parlé du sujet, il a retracé l'évolution de ce concept depuis les années 1910, époque où l'économie du développement privilégiait la transition de l'agriculture vers l'industrie manufacturière et les services.

Ce modèle, soutenu par des politiques publiques incitatives, promeut l'essor de l'industrie manufacturière, considérée comme un moteur de croissance, d'exportation et d'emploi massif.

“Ce modèle est associé à des politiques publiques qui visaient à donner des incitations fiscales et financières, ainsi qu'à promouvoir l'industrie manufacturière. Ces politiques étaient conçues pour alléger le poids de l'industrie manufacturière, étant donné que c'est le secteur capable de générer une croissance économique, d'augmenter les exportations et de fournir un emploi à grande échelle, ce qui inclut des usines employant une main-d'œuvre importante, souvent non qualifiée, mais représentative de l'ensemble de la population, en particulier de la classe moyenne.

Par ailleurs, l'importance sociale de l'industrie manufacturière ne peut être sous-estimée. Elle constitue une classe moyenne active, bénéficiant de salaires stables, de la possibilité d'accéder à des crédits, de temps libre pour les loisirs, et elle devient également un moteur crucial de la consommation, contribuant ainsi à dynamiser l'économie”, a-t-il précisé.

De sa part, Salma Zouari a indiqué que : “Les transformations structurelles sont un sujet très intéressant, car c'est un sujet ancien. Nous savons que le pays a traversé sept décennies d'indépendance à travers différents modèles de développement, différents choix de politique économique et que les réglementations ont évolué au fil du temps. Cela a accompagné différentes structures et institutions”.

Et de poursuivre : “Aujourd'hui, nous sommes dans une situation de croisement, où le pays remet en question le modèle économique actuel, épuisé. Comme le montrent les taux de croissance et la stagnation que connaît le pays, les taux de croissance sont très faibles, voire quasiment stagnants. Nous recherchons de nouvelles structures, une restructuration de l'économie, de nouvelles politiques, qui permettront au pays d'atteindre les niveaux de croissance auxquels nous aspirons tous, et qui permettront aux Tunisiens d'avoir un niveau plus élevé de bien-être et de développement”.

Cependant, depuis la révolution numérique, l'industrie manufacturière est de moins en moins capable d'employer en masse. Les usines sont de plus en plus robotisées, ce qui réduit progressivement le besoin en main-d'œuvre. Il est envisageable, voire probable, qu'à l'avenir, certaines usines nécessitent peu, voire très peu d'employés. Tous ces points ont été abordés et discutés par les panélistes, chercheurs et professeurs présents lors du forum.

Au final, Habib Zitouna a mis l'accent sur a mis l'accent sur l'engagement de l'association à favoriser l'entraide entre ses membres, tous économistes, et à tisser des liens avec divers secteurs de la société : “En tant qu'association, nous œuvrons à promouvoir l'entraide entre nos adhérents, qui sont des économistes, et à établir des liens avec d'autres secteurs de la société. Ce n'est pas une question de recommandations. En réalité, nous faisons des restitutions, sous forme de collaboration, en invitant des représentants du secteur public et du secteur privé à participer à nos travaux.

En dehors du forum, nous avons d'autres occasions de collaboration. Nous sommes disponiblepour participer lorsque sollicités, et notre objectif est de progresser ensemble dans une réflexion commune sur des thèmes spécifiques, plutôt que de simplement émettre des recommandations, car nous ne sommes ni une autorité, ni un pouvoir”.

Jihen Mkehli

Publié le 13/06/24 12:03

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