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Dorsaf Zangar Labidi (BAD) : La Tunisie appelée à opérer un rebond industriel aussi bien qualitatif que quantitatif

ISIN : TN0009050014 - Ticker : PX1
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Le ministère de l'Industrie, des Mines et de l'Energie, en collaboration avec la Banque africaine de développement (BAD), vient de présenter la stratégie industrielle et d'innovation à l'horizon 2035. Madame Dorsaf Zangar Labidi, Cheffe de division du Développement industriel à la BAD, revient dans cette interview sur les défis à relever et les opportunités qui en découlent de cette stratégie, ainsi que ses recommandations pour accélérer la dynamique d'industrialisation afin de renforcer la compétitivité de la Tunisie.

 

Quel est le diagnostic établi par ce document stratégique ? Quels défis à relever et quelles opportunités à saisir ?

Le diagnostic livré par la nouvelle stratégie confirme l'érosion de la part de l'industrie manufacturière dans le produit intérieur brut (PIB) de la Tunisie. Elle est passée de 18% au début des années 2000 à environ 14,6% aujourd'hui.

Le document constate également une baisse des investissements directs étrangers (IDE). Depuis 2011, le taux moyen des IDE est de 2,4% du PIB contre 4,2% entre 2002 et 2010. Cette tendance reflète les défis auxquels se confronte le pays pour faire muter rapidement son tissu industriel et l'adapter aux transformations globales du secteur à l'heure du changement climatique, de la transition numérique, d'un repli de la mondialisation et, surtout, d'un changement profond des déterminants de la compétitivité.

La spécialisation de la Tunisie dans les activités intensives en main d'œuvre, qui valorisait le bas coût du travail non qualifié, a permis au pays de construire une base industrielle solide et de devenir un territoire d'implantation reconnu.

La Tunisie est donc appelée à opérer un rebond industriel, aussi bien qualitatif que quantitatif. Il s'agit de conduire une stratégie de montée en gamme et de diversification intra-sectorielle, vers des activités à plus forte valeur ajoutée qui mobilisent les avantages comparatifs du pays : niveau de qualification de sa main d'œuvre, proximité avec les pôles industriels européens et son accès à l'Afrique sans oublier la maturité de son dispositif logistique productif et dont le renforcement devrait se poursuivre et s'accélérer.

C'est cet objectif que fixe la nouvelle stratégie. Elle détaille dans chaque domaine d'intervention, les moyens d'y parvenir.

 

Quelles recommandations faites-vous pour accélérer la dynamique d'industrialisation afin de renforcer la compétitivité du pays ?

Le plan d'actions que décline cette nouvelle vision industrielle définit un certain nombre de réformes et d'interventions que l'État tunisien est appelé à mettre en œuvre dans les prochaines années. Celles-ci sont catégorisées en plusieurs leviers " horizontaux ", axés sur l'environnement général de l'industrie et un levier " vertical ", focalisé sur la promotion de filières particulières, désignées comme " créneaux porteurs ".

Le premier levier concerne l'attractivité de l'environnement de l'investissement et de l'activité industrielle. Le second pilier porte sur l'innovation et la transition numérique et écologique de l'industrie nationale. Le troisième promeut l'internationalisation des entreprises tunisiennes. Le quatrième vise à développer de nouvelles spécialités industrielles. Le dernier levier porte sur le renforcement de l'attractivité du pays pour attirer de nouveaux acteurs industriels de référence.

Au-delà de ces leviers, il est également important de comprendre la substance de ce plan d'actions. Il consiste à envisager, d'une manière tout à fait nouvelle, le rôle de l'État dans le processus d'industrialisation. Cela nécessite, au premier chef, un renouvellement des modalités de coopération et d'engagement avec le secteur privé et le marché. Il ne s'agit plus pour l'État de se poser uniquement en régulateur, mais de co-créer avec l'ensemble des acteurs institutionnels et privés, les conditions d'un progrès industriel qui soit bénéfique à tous.

Cette démarche coopérative a déjà été expérimentée par la Tunisie, dans le cadre de programmes et d'appuis spécifiques. C'est cette approche qu'il faut à présent généraliser, approfondir et institutionnaliser. La nouvelle stratégie promeut une approche holistique visant à assurer la cohérence globale de l'action publique du fait que l'industrie n'est pas une simple activité de production, mais un secteur économique transversal, fondu dans les réalités entrepreneuriales, sociales et environnementales du pays.

C'est un véritable changement de culture. Mais à travers une coordination renforcée et une plus grande implication des pouvoirs publics dans l'élaboration du positionnement industriel, les réformes les plus pertinentes, les investissements les plus productifs et les mécanismes d'appui les plus efficaces pourront être identifiés et déployés.

Portée par le ministère tunisien de l'Industrie, des Mines et de l'Énergie, l'élaboration de cette nouvelle vision a bénéficié d'un don d'un million de dollars américains du Fonds d'assistance technique pour les pays à revenu intermédiaires, géré par la Banque africaine de développement. Nous sommes fiers d'avoir été associés à ce processus hautement stratégique.

Publié le 08/07/22 10:53

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