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El Abassi : Les économies méditerranéennes sont moins bien intégrées entre elles qu’il y a 15 ans

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Une conférence ayant pour thème « Politiques économiques, intégration du commerce et création d'emplois durables : une vue des pays méditerranéens », s'est tenue ce vendredi 16 novembre 2018 à Tunis, avec la participation des gouverneurs des Banques centrales de Tunisie, d'Espagne, du Maroc, d'Algérie et de Libye.

Co-organisée par la Banque Centrale de Tunisie (BCT), la Banco de España et l'Institut Européen de la Méditerranée (IEMed - Barcelone), la conférence a porté sur le rôle des banques centrales de la région méditerranéenne dans la stabilité macroéconomique et financière ainsi que la croissance économique.

Dans son discours d'ouverture, le Gouverneur de la BCT, M. Marouane El Abassi, a affirmé que la situation actuelle requiert des actions concrètes, rapides et efficaces. "Malgré un volume des exportations au sein de la région qui a doublé entre 2001 et 2016, leur poids relatif dans le total des exportations n'a pas progressé mais il a reculé. L'on conclut alors que les économies méditerranéennes sont donc moins bien intégrées entre elles qu'il y a 15 ans", a-t-il déclaré.

Et d'ajouter que les accords commerciaux préférentiels compliquent les démarches pour les exportateurs, qui sont soumis à des conditions différentes d'un texte à l'autre. Parallèlement, le volume de mesures protectionnistes, qu'il s'agisse de barrières tarifaires ou de mesures non-tarifaires, a augmenté, au sud et surtout au nord de la méditerranée, avec 190 nouvelles protections mises en place par l'Union Européenne entre 2012 et 2018.

Pour ce qui est de la Tunisie, le Gouverneur de la BCT a fait savoir que les échanges commerciaux avec les pays de l'UMA (Union Maghrébine Arabe) n'ont pas dépassé 6,5 % en 2016. "Ce résultat en demi-teinte peut être expliqué, entre autres, par les effets négatifs liés à la multiplication des accords commerciaux préférentiels. Tous ces défis, ne peuvent être qu'un moteur pour concevoir une nouvelle approche de coopération et de solidarité méditerranéenne", a-t-il estimé.

Adopter une approche positive entre les pays des deux rives

La collaboration pourrait dans un premier plan être financière et technique entre les pays des deux rives. Au niveau de la coopération financière, M. El Abassi a évoqué le sujet de l'ALECA et appelé de dépasser les controverses et d'adopter une approche positive. "L'UE et le Maghreb pourraient concevoir un modèle mixte où cohabitent l'approche institutionnelle et les stratégies d'investissements privés des multinationales mais aussi des PME européennes", propose le Gouverneur qui s'interroge sur la coopération et l'échange en matière d'expertise technique. "A la BCT, on est en train de coopérer étroitement avec la BAM (Maroc), la CBRT (Turquie) … parallèlement, nous sommes en train de mettre en place un cadre de coopération avec la Banque de France et la Banque d'Espagne. Mais, quid des autres Banques centrales de la région ?".

M. El Abassi a par la suite évoqué les relations bancaires en général et spécifiquement le phénomène de "derisking" qu'on est en train de subir surtout côté rive sud de la méditerranée. Il s'agit d'un domaine sur lequel une meilleure coopération entre banques centrales pourrait être utile et bénéfique à tous. "Mon vœu est que nous entamons une phase de réactivité sans attendre que des situations problématiques nous poussent à coopérer", a-t-il déclaré.

Un Startup Act maghrébin ou même méditerranéen ?

A ce sujet, M. El Abassi a déclaré que l'arrivée des Fintechs sur le marché et leur vitesse de propagation vont engendrer de profonds changements du paysage financier. Ce progrès technologique, dit-il, a un impact positif sur la qualité et l'accessibilité au service financier. "Néanmoins, les régulateurs que nous sommes, nous nous devons de mettre les gardes fous nécessaires pour que cette transition technologique puisse se faire sans préjudices à la stabilité financière. Ainsi, nous pensons qu'une meilleure coopération entre régulateurs et un meilleur partage d'expertises demeurent nécessaires".

M. El Abassi a en effet annoncé que les pays maghrébins comptent le faire dans le cadre du Conseil des Gouverneurs des Banques Centrales des pays de l'Union du Maghreb Arabe (UMA). Et ce, plus rapidement que prévu. Pour ce qui est de la Tunisie, souligne le Gouverneur de la BCT, la promulgation de la loi Startup Act et l'adoption récente de son décret d'application constituent une véritable opportunité en matière d'innovation technologique à haute valeur ajoutée et de promotion du développement durable.

"Mon vœu est de voir, un jour, le lancement d'un Startup Act maghrébin ou même méditerranéen qui représentera un vrai cadre pour l'épanouissement d'une jeunesse mondialisée, ambitieuse et créative", a-t-il espéré.

Omar El Oudi

Publié le 16/11/18 16:07

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