Khaled Fakhfakh : Les opérateurs du tourisme demandent à l'Etat le report des échéances

Le monde, tel que nous le connaissons, traverse des temps périlleux. Aucun n'en est épargné et c'est une catastrophe sans nom. Encore moins les performances économiques qui plongent dans un gouffre infernal. Entre-autres, le secteur touristique, très sensible à la conjoncture sécuritaire et sanitaire, bat de l'aile. Khaled Fakhfakh, président sortant de la Fédération tunisienne de l'hôtellerie (FTH) établit l'état des lieux de ce secteur et donne les recommandations de première diligence afin de sauver cette activité. Entretien.

" Cette crise nous espérons tous qu'elle ne dure pas puisque l'impact est extraordinaire. Pas seulement sur les chaines d'hôtels mais pour tous les opérateurs, tels que les agences de voyages, restaurants et bars... " déclare Khaled Fakhfakh. C'est une calamité qui a frappé de plein fouet tous types de tourismes. Le président de la fédération a, en outre, indiqué à IlBoursa.com que les hôtels se vident et sont à moins de 5% de taux d'occupation en moyenne. Et d'ajouter : " Les clients quittent la Tunisie et suivent les plans de rapatriements. Exemple à l'appui, Djerba n'accueille aujourd'hui que 1.000 touristes.

Comme à chaque crise, c'est les répercussions économiques qui prennent le dessus. Et dans l'épidémie CoVid-19, le problème qui se pose n'est autre que le manque de visibilité au-delà du problème sanitaire. " Nous allons être en cessation de paiement d'ici la fin du mois d'avril, au plus tard. Et nous sommes tous dans la même barque ", regrette Fakhfakh.

Les solutions sont là

" L'idéal pour l'Etat est d'annoncer un report des échéances fiscales, patronales et même les factures d'un mois ", propose le président de la FTH. Choses qui auraient dues être annoncées tôt pour remonter le moral des entrepreneurs et les aider à dépasser cette crise qui s'est installée. En ajoutant que si l'activité touristique sera sinistrée davantage, ce sera le néant qui attendra l'Etat et rien ne pourra être payé.

" L'Etat est le plus fort dans ce pays. C'est à lui qu'incombe le devoir de sauver tous les opérateurs économiques. On peut suivre l'exemple de la France ", assène Khaled Fakhfakh. Toutefois, tout plan de relance et de sauvetage signifie l'endettement. Mais pour le président de la FTH, plus vite on met fin à cette pandémie et on contre la crise et plus vite on pourra reprendre les activités. A rappeler que les coûts de l'inaction pourront être plus conséquents que les coûts d'endettement pour des fins de relance. Il serait temps de penser à la survie du secteur.

" Même les sociétés exportatrices vont se retrouver mises à mal puisqu'il y a des usines qui ferment leurs portes à l'étranger ", exprime M. Fakhfakh. Si Volkswagen arrête l'activité en Allemagne, les équipementiers en Tunisie seront obligés de cesser les activités. Il est à reconnaître que le maillon le plus important est le secteur sanitaire. Mais c'est les chaines logistiques et le tissu industriel qui seront entraînés dans la chute.

" Les fournisseurs ne seront point épargnés et on doit empêcher l'entrée dans ce cercle vicieux. On n'attend que le report des échéances. On n'est pas exposé à la faillite mais ceci peut arriver et les hôtels endettés seront plus en difficultés que d'autres ", a martelé le président de la FTH.

D'un autre côté, la BCT peut aussi aider en baissant davantage son taux directeur. Chose qui a pu se faire depuis un bon bout de temps déjà après la baisse de l'inflation. " C'est un taux qui n'encourage ni à l'investissement ni à la consommation. Nous n'avons pas un tissu qui permet 12% d'intérêts. Le mieux est de subventionner ces taux faramineux. Il faut faire baisser les taux pour aider les entreprises ".

Le président de la FTH a été clair. Le rôle de la BCT et des banque commerciales n'est pas de faire des bénéfices mais d'aider l'économie à avancer de l'avant et la BCT doit défendre sa tour d'ivoire.

Azyz MEDDEB

Publié le 18/03/20 11:26