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Bourse de Tunis : Retour sur l'année 2019 et prévisions pour 2020

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Posté le 07/01/2020 08:42:23
Une excellente analyse d'un Prof ...
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Posté le 07/01/2020 08:22:37
Merci pour l'analyse
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Posté le 06/01/2020 17:07:17
Bravo
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Posté le 06/01/2020 15:58:49
Une très belle analyse !
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Posté le 06/01/2020 15:58:49

Il est de tradition en tant que média spécialisé de se prononcer, chaque début d'année, sur les perspectives auxquelles la Bourse de Tunis pourrait être confrontée dans les 12 prochains mois. Entre indicateurs économiques, contexte politique et réalisations financières des sociétés cotées, cet exercice de prévision n'est pas une mince affaire. Retour donc sur une année 2019 chahutée avant de se projeter en 2020.

Par Moez HADIDANE

Sur le plan économique, l'année 2019 a été marquée par le ralentissement de la croissance économique qui n'a atteint que 1,1% sur les neuf premiers mois de l'année. Toutefois, l'année a porté quelques signes de convalescence dont principalement l'amélioration du déficit budgétaire au prix d'une politique d'austérité plus prononcée (3,5% en 2019 contre 4,8% en 2018).

Les recettes touristiques ont atteint (au 20 décembre 2019) l'équivalent de 5,47 milliards de dinars contre 4,03 milliards à la même période de l'année 2018, soit une amélioration de 35,7%. De même, les revenus du travail ont atteint (au 20 décembre 2019) la somme de 4,74 milliards de dinars contre 4 milliards en 2018, marquant une appréciation de 18,5%.

L'amélioration notable de la balance des services et la hausse des revenus des facteurs et des transferts courants ont compensé, partiellement, l'impact du creusement du déficit commercial (17,8 milliards de dinars FOB-CAF à fin novembre 2019, soit 2,7% de plus que celui réalisé une année plutôt) sur le solde des opérations courantes. Le déficit courant ressort à 7,9% du PIB sur les onze premiers mois de 2019 (9,04 milliards de dinars) contre 9,9% à la même période de 2018 (10,4 milliards de dinars) et contre 7,8% fin novembre 2017 (9,24 milliards de dinars).

Les réserves en devises passent de 84 jours d'importation fin 2018 à un creux mensuel de 73 jours fin juin 2019 avant de remonter à 110 jours fin 2019 équivalent à 19,35 milliards de dinars.

L'année s'est démarquée également par l'arrêt de l'hémorragie du dinar face aux principales monnaies étrangères. Après une longue tendance baissière, le dinar tunisien met fin à sa dégringolade à partir du 31 janvier 2019 face à l'Euro et à partir du 11 mars 2019 face au dollar. Sur l'ensemble de l'année 2019, la monnaie nationale (TND exprimé en devises) récupère 7% face au dollar (-6,5% dollar face au TND) et 9,1% face à l'Euro (-8,4% Euro face au TND). En dépit de cette reprise, le dinar a chuté durant les neuf dernières années de 48,6% face au dollar et de 38,8% face à l'Euro. 

Les taux d'intérêts se stabilisent, même s'ils restent à des niveaux élevés. Après avoir atteint un pic de 7,9% au mois de mars 2019, le TMM s'est stabilisé depuis, finissant l'année à 7,81%. L'inflation a montré également des signes de soulagement accostant à 6,1% au mois de décembre 2019 contre 7,5% enregistrée en décembre 2018. Elle ressort en moyenne sur l'année 2019 à 6,7% contre une moyenne de 7,5% en 2018 (7,3% en 2018 à pondération constante). 

Performance du Marché

L'indice de référence de la bourse de Tunis met fin à une série haussière de trois ans. Le TUNINDEX termine l'année 2019 avec un rendement négatif de -2,06% fortement atténué par la performance positive du mois de décembre de 2,48%. De son côté, le TUNINDEX20 termine l'année avec une contre-performance de 3,7% soulagé également par sa remontée au mois de décembre de 2,29%.

Sous le fardeau de l'indice bancaire, la dégringolade du TUNINDEX observée aux quatre derniers mois de l'année 2018 s'est poursuivie tout au long du premier trimestre 2019. Entre le 28 août 2018 et le 19 mars 2019, le TUNINDEX a chuté de 19,5%. Durant cette même période, l'indice bancaire a dévissé de 29,1%. Entre son plus haut du 9 août 2018 et son plus bas en 2019 enregistré le 19 mars 2019, l'indice bancaire a décroché de 29,9% en l'espace d'un peu plus de 7 mois. Toutefois, sur l'année pleine 2019, l'indice bancaire termine quasiment à l'équilibre (+0,23%).

Palmarès par valeur

CELLCOM réalise la plus forte hausse de l'année 2019, avec une envolée de 147,3% suivie par MPBS en appréciation de 92,9% et SIPHAT en progression de 76,5%. La contribution cumulée de ces trois titres dans l'indice se limite à seulement +0,18%. SIAME et SOTIPAPIER complètent le top 5 avec des progressions respectives de 71,7% et 57%. En bas du tableau, le titre SERVICOM s'écroule de -66,8%, suivi de près par MIP de -63,3% et UADH de -49,7%. La contribution des trois plus fortes baisses de l'année dans le TUNINDEX est de -0,31%.

Performance sectorielle

La distinction revient au secteur des matières premières, qui enregistre, sur l'année 2019, une performance de 28,1%. Ce secteur constitué uniquement des valeur TPR et SOTIPAPIER a largement profité de la performance de cette dernière de 57%. En seconde position, ce sont les valeurs technologiques qui réalisent la deuxième meilleure performance de l'année, avec un rendement de 14,2%, tiré par HEXABYTE (+38,3%) et TELNET (+13,2%), alors que AETECH s'enfonce dans le rouge de 8,33%.

A la 3ème marche du podium, on retrouve le secteur des assurances dont la performance de l'année ressort à 7,9% profitant principalement de la remontée d'ASTREE de 24,7% et accessoirement de TUNIS Re de +7,2%. Enfin les secteurs produits ménagers (grâce principalement à EUROCYCLES : +19,55%) et banques (grâce à UBCI : +37,2% et STB : +27,2%) complètent la liste des secteurs ayant terminés l'année avec des rendements positifs.

A l'opposé, le secteur media, composé uniquement de MIP, chute de 63,3% suite à une baisse d'autant de MIP. Le secteur des télécommunications dégage à son tour un rendement négatif de 30,6% sous le fardeau de toutes les valeurs qui le compose : SERVICOM (-66,8%), TGH (-24,2%) et SOTETEL (-8,8%). Le secteur des bâtiments et matériaux de construction dévisse de 23,9% résultant d'une variation mitigée entre les titres qui le composent : AMS (-42,9%), Carthage Cement (-42,2%), SANIMED (-21,3%), ESSOUKNA (-12%), Ciment de Bizerte (-11,1%) et SOMOCER (-10,5%) contre une évolution positive de MPBS (+92,9%), SOTEMAIL (+42,2%), SIMPAR (+28,5%) et SITS (+11,4%).

Contribution par valeur dans la performance du TUNINDEX

La performance négative de l'année 2019 du TUNINDEX a été tracée principalement par les contributions négatives de Carthage Cement (-1,04%), Attijari bank (-0,88%) et DELICE Holding de (-0,54%). La tendance globale de l'indice a été atténuée par le contre poids des contributions positives émanant des titres UBCI (+0,59%), STB (+0,54%) et SOTIPAPIER (+0,39%). 

Contribution par secteur dans la performance du TUNINDEX

Avec un rendement de -23,9%, c'est le secteur de bâtiment et Matériaux de construction qui a impacté (-0,92%) le plus la performance négative du TUNINDEX principalement sous le poids de CARTHAGE Cement qui a contribué à elle seule de -1,04% sur les -2,06% enregistrés par le TUNINDEX.

Le secteur de distribution y a contribué également négativement à hauteur de -0,62% sous le poids de MAGASIN GENERAL avec une contribution de -0,40%, UADH (-0,18%) et ARTES (-0,12%). En dépit de l'envolée de CELLCOM (secteur distribution) en 2019 de 147,3% sa contribution positive dans l'indice n'a été que de 0,05%. Au 3e rang, le secteur des services financiers tire vers le bas le TUNINDEX de 0,51% sous la contribution négative de TLF (-0,17%), ATL (-0,14%), HL (-0,12%) et SPDIT (-0,10%).

L'orientation négative du TUNINDEX a été amortie par les contributions positives principalement du secteur des matières premières (+0,42% grâce à SOTIPAPIER de +0,39%), du secteur des produits ménagers (+0,24% tiré par les contributions de SAH de +0,11% et d'EUROCYCLES de +0,10%) et du secteur des assurances (grâce essentiellement à la contribution d'ASTREE de +0,10%).

Enfin les valeurs technologiques ont contribué positivement de 0,14% (tirées par TELNET de +0,12%) et les bancaires (+0,12% grâce à UBCI, STB, Amen Bank et ATB) en dépit de la forte contribution négative d'ATTIJARI bank (-0,88%) et de BNA (-0,42%).

Capitalisation boursière (CB)

Nouvelles introductions en Bourse

Après une seule introduction en bourse enregistrée en 2018, portant sur l'admission sur le marché principal des titres composant le capital de Tunisie Valeurs, la bourse de Tunis n'a enregistré aucune nouvelle introduction en 2019.

Le nombre des sociétés admises à la Cote s'est, au contraire, rétréci à fin 2019 à 81 contre 82 fin 2018 à la suite de la radiation depuis le 1er novembre 2019, de la société " ELBENE INDUSTRIE " du Marché Principal de la Cote de la Bourse et son transfert au marché Hors-cote. La société ELBENE INDUSTRIE a été en conséquence retirée, à cette même date, des échantillons de l'indice TUNINDEX et des indices sectoriels " Biens de Consommation " et " Agro-alimentaire et Boissons ". A la veille de sa radiation, la capitalisation boursière d'ELBENE s'élève à 4,59 millions de dinars (soit 0,02% de la CB totale du marché). Au 31 décembre 2019, la cote de la BVMT compte ainsi 81 sociétés admises dont STIP hors champs d'indice (groupe 99).

Levées de fonds propres des sociétés cotées

Au cours de l'année 2019, les sociétés de la cote ont levé via des augmentations de capital en numéraire un montant de 319 millions de dinars dont 52,7%, soit 168 millions de dinars, collectés par la BNA auprès du public. Rappelons qu'en 2018, aucune opération de levée de fonds propres n'a été réalisée, à l'exception de celle de TLF ouverte en 2018 et clôturée en 2019 pour une taille de 20,25 millions de dinars.

Evolution de la capitalisation boursière

La capitalisation boursière du marché a baissé en 2019 de 2,7%, soit de -656 millions de dinars, pour s'établir à 23.724 millions de dinars contre 24.380 millions à la fin de l'année 2018.

La baisse de la CB résulte d'un effet papier positif de 461 millions de dinars, de l'effet radiation d'ELBENE de -4,6 millions de dinars et d'un effet prix (baisse des cours) de -1.112,8 millions de dinars. Tenant compte du seul effet prix, la CB a décroché de 4,6% contre une baisse de 2,06% seulement pour le TUNINDEX. Cet écart provient de l'effet dividende qui est réinvestit dans l'indice, mais qui file à la CB.

Classement des titres par Capitalisation Boursière

La SFBT conserve sa position de plus grande CB du marché. Aucun changement également, n'est intervenu, dans le top 5 des plus grandes CB du marché, en dépit de la contraction des Capi de SFBT, BIAT, BT et surtout d'Attijari Bank, dont la CB a fondu de 20,3%. On note tout de même la forte montée de la BNA qui passe de 13ème fin 2018 à 8ème fin 2019.

On retient également que les 15 première CB (sur les 81 lignes de la cote, soit 18,5% du nombre global) accaparent 75% de la Capitalisation boursière globale du marché). La BT représente seulement 7,4% de la CB du marché mais 15,3% de la CB du TUNINDEX du fait d'un quotient du flottant de 50% (contre 30% par exemple pour SFBT).

Par secteur, les banques accaparent 41,4% de la CB du marché, relayé par l'agro-alimentaire. Les deux premiers secteurs monopolisent 70,3% de la CB du marché. Les cinq premiers concentrent 84,1%.

Participations étrangères

Durant l'année 2019, les acquisitions (flux) des étrangers sur les titres de capital côtés, ont totalisé 189,7 millions de dinars, contre des cessions de 151,8 millions de dinars, ce qui dégage un solde positif de 37,85 millions de dinars. Pourtant, la part des étrangers dans la CB (stock) est passée de 24,9% au 31 décembre 2018 à 24,73% au 23 décembre 2019. 

Capitaux échangés

Les capitaux échangés sur la cote de la bourse (actions et obligations) ont baissé de 36,9% totalisant 1.590 millions de dinars contre 2.520,6 millions de dinars en 2018. Cette baisse émane de la régression des échanges sur les titres de capital de 30% et sur les titres de créances de 58%. La moyenne quotidienne des transactions sur les titres de capital dégringole à 5,32 millions de dinars jours, contre 7,63 en 2018 et 5,72 en 2017.

La part des échanges sur les titres de créances revient à 16,4% en 2019 contre 24,7% en 2018 et 10,3% en 2017. Les transactions de blocs (456 millions de dinars en 2019 contre 470 millions de dinars en 2018) ont représenté une part de 34% du volume des échanges sur les titres de capital et une part de 29% sur la Cote de la Bourse. Le titre SFBT s'est accaparé le plus grand volume des transactions avec une enveloppe de 236 millions de dinars, soit 17,7% du volume global des titres de capital de la cote de la bourse. Les sept plus grands volumes ont accaparé plus que la moitié des échanges.

Sur l'ensemble des marchés de la BVMT, les capitaux échangés, enregistrés et déclarés, ont totalisé 3.367 millions de dinars, en baisse de seulement 12,2%, amortis par l'accroissement des opérations d'enregistrement de 37% qui ont atteint 1.572 millions de dinars.

Autres levées de fonds

En plus des levées en fonds propres réalisées par les sociétés cotées (319 millions de dinars en cash In et 461,6 millions de dinars y compris les conversions de créances), les sociétés faisant appel public à l'épargne ont levé 144 millions de dinars en titres participatifs, 221,2 millions de dinars par emprunts obligataires avec appel public à l'épargne (hors EO BTE non encore clôturé) et 137,5 millions de dinars via emprunts obligataires sans appel public à l'épargne (hors les deux EO de la BIAT qui seront clôturés en 2020). En totalité, le marché financier a contribué à hauteur de 964 millions de dinars de financement aux entreprises en titres financiers (titres de long terme relevant du marché financier). A cela s'ajoute une levée globale du Trésor en 2019 de 1.450,6 millions de dinars.

Emission de titres participatifs

Les sociétés ayant le statut de FAPE (faisant appel public à l'épargne) ont levé durant l'année 2019, près de 144 millions de dinars par émission, sans recours à l'appel public à l'épargne, de titres participatifs.

Dette privée : les émissions obligataires

Le marché financier a contribué au financement des sociétés cotées sous forme d'emprunts obligataires avec appel public à l'épargne, à hauteur de 221,23 millions de dinars dont la moitié sous forme de dettes mezzanines émises par TLF (20,5 millions de dinars), BH (40 millions de dinars) et STB (50 millions de dinars). La mobilisation de fonds sous forme d'emprunts obligataires sans recours à l'appel public à l'épargne s'est élevée à 137,5 millions de dinars dont 81 millions par les structures de microfinances. La plus grande levée en emprunts obligataires sans APE est attribuée à la BNA avec une collecte de 50 millions de dinars. Toutefois, la BIAT est en cours de mobiliser près de 150 millions de dinars, dans le cadre de ses deux emprunts subordonnés lancés fin 2019 et qui devront être clôturés en 2020.  

Emissions du Trésor

En 2019, le Trésor a levé 1.450,6 millions de dinars dont 695,4 millions en BTA, 436,2 millions en BTC et 319 millions dans le cadre d'une adjudication d'échange du mois de mars 2019. Les levées du trésor en BTA (y compris l'adjudication d'échange) représentent 45% de son besoin annuel fixé dans le budget de l'Etat pour 2019.

Perspectives 2020

L'année 2020 sera marquée sur le plan économique par la poursuite de la détente de l'inflation, l'amélioration des déficits jumeaux, la baisse vraisemblablement des taux d'intérêts et éventuellement une confirmation du rétablissement graduel du dinar ou au moins sa stabilité. Toutefois, la reprise de la croissance économique ne sera pas imminente. L'amélioration attendue de la valeur ajoutée de l'agriculture et l'affermissement des recettes touristiques seront insuffisants pour résorber la récession du secteur des industries manufacturières et du secteur des industries non manufacturières (à moins que le champ Nawara entre en production).

En Bourse, il est attendu que certaines valeurs bancaires enregistrent une correction technique à la hausse compte tenu de leur niveau de valorisation exceptionnellement faible et de la résilience prouvée par le passé du secteur. En dehors du bancaire, les titres Euro-Cycles, SAH LILAS, CITY CARS, ASSAD, SIAME et SOTIPAPIER détiennent les plus fortes potentialités de hausse pour l'année 2020.

Les poids lourds du TUNINDEX pour 2020

Le comité des indices boursiers a décidé fin 2019 de modifier, à la hausse et/ou à la baisse, les quotients de flottants retenus pour le calcul du TUNINDEX pour 21 valeurs de la cote. Les titres CIL, ASSAD, EUROCYCLES, UNIMED, CITY CARS et SOMOCER ont vu leur flottant augmenter par un palier de 10%. Ceux de SFBT, DELICE HOLDING, UBCI, WIB, ATTIJARI LEASING, TUNINVEST SICAR, NBL, OFFICE PLAST, MG, UADH, SIMPAR, SIAME et HEXABYTE ont été réduits par un palier de 10%. Une baisse par un palier de 20% est décidée pour les titres SITS et ELECTROSTAR. Aucun changement du flottant de Land'Or malgré l'entrée de Maghreb Private Equity IV LLC directement dans le capital à hauteur de 21,59%.

Compte tenu de l'augmentation de capital réalisée par la BNA et de l'effet cours sur certaines autres valeurs, le poids du secteur bancaire dans le TUNINDEX augmentera à partir du 2 janvier 2020 de 2,3% points de pourcentage à 52,6%, le secteur des produits ménagers et soins personnels gagne un point de pourcentage à 5,6%. A l'opposé, le secteur agro-alimentaire perd 1,9 point de pourcentage de son poids dans le TUNINDEX pour se situer à 20,2%. Le secteur distribution recule de 0,9% et le secteur de bâtiments et matériaux de construction reflue de 0,8%.

Incontestablement, le bancaire (52,6%), et l'agro-alimentaire (20,2%) dessineront la tendance du TUNINDEX pour l'année 2020. Dans un degré moindre, l'indice sera influé par les secteurs des produits ménagers (5,6%), distribution (3,4%) et des bâtiments et matériaux de construction (3%).

Les banques

La bourse de Tunis a démarré l'année 2019, largement à la baisse jusqu'au 19 mars. Cette baisse n'est que le prolongement de la descente de l'indice déclenchée depuis le 28 août 2018 emmenée par le renversement de tendance, quelques jours auparavant, de l'indice des valeurs bancaires (à partir du 9 août 2018). Le retournement de tendance de l'indice des banques s'est déclenché suite à l'annonce par la BCT de nouvelles restrictions aux banques relatives à (i) leur capacité de distribution de crédits et (ii) d'accès au refinancement : 

  • Annoncé depuis août 2018, ce n'est qu'au 1er novembre 2018, que la BCT publie la circulaire n° : 2018-10 imposant aux banques de respecter à partir de la fin du dernier trimestre 2018 un ratio Crédits/ dépôts maximum de 120%.
  • Accès au refinancement : Institué en octobre 2018, les banques ne peuvent dépasser une part de 40% en Bons du trésor comme support de garantie présenté à la BCT en contrepartie de leur refinancement.

La convergence graduelle vers les normes de Bâle III a commencé bien avant ces dates. Le 10 novembre 2014 la BCT publie la circulaire n° 2014-14 instituant un nouveau ratio de liquidité (LCR) qui doit désormais être égal à au moins 100% à partir du 1er janvier 2019, relayé par la circulaire 2016-03 du 29 juillet 2016 qui a intégré l'obligation de couverture du risque opérationnel et qui a ramené le plafond des engagements sur les parties liées fixé à 100% des fonds propres nets à 75% à partir de fin 2017 et à 25% à partir de fin 2018. Au mois de juin 2018, la BCT publie la circulaire n° 2018-06 du 5 juin 2018, en vertu de laquelle, les banques doivent désormais tenir compte du risque de marché et du risque de contrepartie sur les instruments dérivés pour la détermination des fonds propres minimums exigés.

Après une croissance de 5,6% de sa masse bénéficiaire en 2018 et de 7,1% attendue pour 2019, le secteur bancaire s'échange à 8,4 fois ses bénéfices 2018 et à 7,9 fois ses bénéfices 2019. Les banques n'ont jamais été aussi sous évaluées. Ce niveau de valorisation reflète la perception assez négative du marché quant aux mutations et secousses réglementaires et une aversion au risque assez élevée dans un contexte caractérisé par le tarissement de la liquidité, une croissance économique atone et un climat des affaires vulnérable.

Certes, les nouvelles contraintes réglementaires imposées aux banques (subordination de la capacité de distribution de crédits à la taille des dépôts et des fonds propres, régulation de la liquidité, plus grande couverture des risques etc.), avec une supervision plus rapprochée de la BCT, continueront à impacter sur le court terme la capacité bénéficiaire des banques mais elles aboutiront à moyen terme à les doter d'une plus grande solidité financière et leur offrir les conditions d'une croissance saine.

Au niveau de l'exploitation proprement dite, et compte tenu de l'évolution du taux de l'appel d'offres confondue sur la ligne du taux directeur, un TMM qui évolue tout près du taux directeur, et une éventuelle confirmation de l'apaisement de l'inflation, il est attendu que la BCT commence à baisser son taux directeur courant 2020. Ceci pourrait impacter négativement sur le court terme la marge d'intérêt des banques, surtout que les chiffres de l'année 2019 dévoilent un ralentissement des crédits distribués par les banques.

Toutefois, la baisse des taux combinée avec (tant espéré) l'amélioration du climat des affaires, ressuscitera l'engouement des investisseurs aux crédits productifs (refinançables auprès de la BCT). L'effet volume pourrait compenser l'impact négatif de l'effet Taux. La baisse des taux se transmettra à terme sur le coût des ressources. En parallèle le stock de BTA détenu par les banques serait quant à lui réévalué à la hausse.

Enfin, les effets de l'augmentation provisoire du taux de la contribution sociale de solidarité de 1 à 3% pour les banques pour les exercices 2019, 2020 et 2021 ne seront pas trop pesants. L'assainissement des créances et l'amélioration de la productivité déjà opérés devraient réduire la facture des charges d'exploitation et de risques dans le futur. Certes, le niveau de multiple de bénéfices des banques (autour de 8 fois sur une base sociale) traduit actuellement le sentiment de crainte de la part des investisseurs sur les perspectives futures des banques. Nous pensons que le niveau de PER actuel ne peut persister trop longtemps.

Le secteur agro-alimentaire

Pesant 20,2% dans l'indice TUNINDEX, le secteur agro-alimentaire est dominé par les titres SFBT (14%), PGH (4,4%) et DELICE Holding (1,1%). Au 30 septembre 2019, le chiffre d'affaires de ces trois sociétés a évolué comme suit : SFBT (+8,1%), PGH (+7,5%) et DH (+13,1%).

En dépit de l'embellie attendue des revenus en relation avec la confortation des entrées touristiques (9,42 millions de touristes ont visité la Tunisie en 2019 en progression de 13,6% par rapport à l'année précédente) et la montée en force de l'activité Jus, l'action SFBT s'échange à 19,4 fois ses bénéfices 2019. Une remontée significative du cours du titre SFBT est peu probable.

Pour PGH, le RNPG intermédiaire au 30 juin 2019 marque le pas, enregistrant une très petite progression de 1,6%. Les exportations représentent à peine 10,2% du chiffre d'affaires du groupe. La hausse de la facture des achats consommés et des charges financières continuera à peser sur la capacité bénéficiaire du groupe. Avec un multiple de ses bénéfices 2019 de 20,8 fois, il est écarté que le titre contribue positivement dans le TUNINDEX. La hausse éventuelle du prix des matières premières dirigée par la remontée du prix du pétrole pourrait renchérir davantage la facture des achats consommés, non seulement pour PGH mais pour tout le tissu industriel tunisien.

En effet, les vives tensions entre les Etats Unis et l'Iran pourraient lancer les prix des pétroles vers des niveaux supérieurs à 80 dollars le baril. Le vendredi 2 janvier, le Pétrole (Brent coté en $ à Londres) rebondit en une journée de +3,6% à 68,63 $ à la clôture. Le Brent prend 3,9% sur les deux premiers jours de l'année 2020.

L'entrée en exploitation du Champ Nawara pour l'extraction du gaz naturel du Sahara de Tataouine est plus que jamais indispensable. Ce champ dont l'entrée en production a accusé un retard en raison de difficultés survenues au cours de la phase d'expérimentation, va produire 2,7 millions de m3 de gaz, soit la moitié de la production nationale et 17% de la consommation nationale. Il va aussi, produire 7 mille Baril de condensat par jour.

Produits Ménagers et soins personnels

Le secteur des produits ménagers pèsera cette année 5,6% dans le TUNINDEX, dont 4,3% pour SAH LILAS et 0,9% pour Euro-Cycles. SAH LILAS aspire à doubler son chiffre d'affaires entre 2018 et 2020, de même Euro-Cycles est en cours de gagner des parts de marché assez conséquentes en Europe et aux Etats-Unis.

SAH LILAS s'échange tout de même avec un PER 2019 de 20 fois mais qui devrait retomber à 10 fois en 2020, si la société réussit à concrétiser les prévisions avancées dans le business plan établi à l'occasion de sa dernière levée de fonds. Pour Euro-Cycles, une remontée du cours est probable surtout que l'action s'échange actuellement à seulement 14 fois ses bénéfices 2019.

Secteur de Distribution

Le secteur de Distribution accapare 3,4% de la capitalisation boursière. Il rassemble les sociétés de grandes distributions et les concessionnaires automobiles. Le niveau élevé des multiples de bénéfices et la pression sur les marges des sociétés de grandes surfaces écarte une éventuelle montée des cours de ce secteur. A l'opposé, une éventuelle baisse des taux d'intérêts en 2020, combinée à la confortation de la valeur du dinar, pourrait donner un nouveau souffle aux concessionnaires automobiles, sous réserves que la crise du pétrole ne devienne structurelle.

Avec un rendement en dividendes 2020 estimé à 13% pour City-Cars, l'action devrait réaliser une correction mécanique à la hausse à l'approche de la saison de distribution de dividendes. Rappelons que City Cars a réalisé au 30 septembre 2019 une croissance de son chiffre d'affaires de 38%. Dans un degré moindre, ARTES, dont les revenus ont augmenté à peine de 3,9% sur les neuf premiers mois de 2019, offre un Dividend Yield de 10,8%.

Secteur des Bâtiments et matériaux de construction

Classé 5ème secteur plus influent (3%) dans le TUNINDEX, le secteur des Bâtiments et matériaux de construction regroupe les promoteurs immobiliers est les industriels des matériaux de construction. Même si les premiers ont consigné une reprise de leurs revenus au 30 septembre 2019, l'exploitation reste cyclique et les perspectives sont peu visibles. Pour les seconds, l'activité est fortement corrélée à la croissance économique et aux prix des matières premières, deux variables qui ne jouent pas en leur faveur à l'état actuel.

Stock Picking

En dehors de ces cinq secteurs les plus pesants dans l'indice, certaines valeurs offrent un potentiel d'Up Side relativement raisonnable.

ASSAD

La société a doublé quasiment ses bénéfices au 30 juin 2019, les revenus ont progressé de 25,5% au 30 septembre 2019 dont +27% des revenus de l'export. Ces derniers représentent 51,3% du chiffre d'affaires global au 30 septembre 2019. L'action ASSAD est valorisée à seulement 9,2 fois ses bénéfices 2019.

SOTIPAPIER

Le spécialiste du papier a amélioré ses revenus au 30 septembre 2019 de 25,5%. Au 30 juin les bénéfices semestriels ont enregistré une croissance de 57%. En dépit d'une prise de l'action de 57% en 2019, le titre reste valorisé à 11,5 fois seulement ses bénéfices 2019 et offre un Dividend Yield de 5,8%.

SIAME

La société a réalisé en 2018 un bénéfice exceptionnel de 3,8 millions de dinars en hausse de 123% tiré en partie par l'amélioration du résultat d'exploitation de 24,8% et des revenus de placement qui ont été multiplié par 3,4 fois à 1,76 million de dinars dopés par une plus-value sur cession de titres de participation (SAS MAYTEL) de 860 mille dinars. En consolidé, le Résultat Net Part du groupe a enregistré en 2018 une progression de 12,7% à 2,735 millions de dinars.

Grâce à une croissance du résultat d'exploitation au 30 juin 2019 de 65%, la société pourrait clôturer l'exercice 2019 avec un résultat net organique de 3 millions de dinars, en dessous du bénéfice exceptionnel de 2018 (3,8 millions de dinars) mais largement meilleur que celui de 2017 (1,7 million de dinars). Par ailleurs, la société vient d'être certifiée, pour son nouveau compteur d'énergie intelligent, G3-PLC (transmission des données numériques sur les lignes électriques) selon le référentiel de l'UIT (Union Internationale des Télécommunication). Une certification qui permettra à la société d'accéder au rang des acteurs de référence dans le domaine de comptage intelligent d'énergie. D'ailleurs, la SIAME est l'unique société Africaine et Arabe à décrocher cette certification et figure au top 100 des sociétés membres de l'Alliance G3-PLC.

Par conséquent, tenant compte d'un multiple de ses bénéfices 2019 (organique) de 19 fois et des perspectives futures, l'action SIAME est susceptible de réaliser une bonne performance durant l'année 2020.

Sous la loupe

Enfin, les titres OneTech Holding, UNIMED, TELNET Holding, CEREALIS, SOMOCER, MPBS, SOTUVER, SAM, Tunisie Valeurs, CIL, ATL, ICF et NBL peuvent, en fonction de leur atterrissage 2019 et de leurs réalisations en 2020, terminer l'année actuelle avec des rendements à deux chiffres, et sont par conséquent à suivre de près.


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