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Quel atterrissage de fin d’année et quelles perspectives pour les banq

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Posté le 13/12/2019 09:43:35
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Posté le 13/12/2019 09:43:35

Par Moez HADIDANE

Les banques cotées à la Bourse de Tunis devront terminer l'année en cours avec une masse bénéficiaire de 1,25 milliard de dinars, contre 1,17 milliard en 2018, soit une progression de 7,1% contre une croissance de 5,6% une année auparavant. La croissance sera à deux chiffre pour la STB, l'UBCI et l'UIB. Après un faux pas en 2018, la BT réalisera également une croissance à deux chiffres de son bénéfice, mais sans retrouver le niveau de 2017. La croissance des bénéfices de la BH ne sera pas dans le vert. Enfin les bénéfices de Wifak Bank, ATB et BTE sont attendus en territoire négatif.

Pour l'exercice 2020, l'aptitude à réaliser de la croissance des bénéfices sera réservée en premier lieu à Attijari bank avec un score de 82% suivie au même pied d'égalité par UBCI et BIAT avec un score de 55% chacune. L'UIB et BT se positionnent à la 4e et 5e position d'aptitude pour réaliser une croissance positive.

Activité de distribution de crédits

Jusqu'au 30 juin 2019, les banques cotées ont augmenté leurs crédits bruts à la clientèle de 2,6% (+1,9 milliard de dinars) à 75,5 milliards de dinars, contre une hausse de 4,4% à la même période de l'année écoulée et de 8% sur l'ensemble de 2018 comparé à 2017.

Net de provisions et d'agios réservés, l'encours des crédits des banques cotées a évolué au 30 juin 2019 de 2,5% (+1,66 milliard de dinars) totalisant 67,1 milliards de dinars. La BNA enregistre la plus forte progression des crédits nets avec un accroissement de 601 millions de dinars, suivie par BH BANK (+383 millions de dinars) et Attijari bank (+318 millions de dinars).

Au 30 septembre 2019, les banques portent l'encours des crédits nets à la clientèle à 67,6 milliards de dinars enregistrant ainsi une croissance sur les neuf premiers mois de 3,3% (+2,19 milliards de dinars). Pourtant, la moitié des banques cotées ont enregistré au 30 septembre 2019 une diminution de leurs encours nets des crédits accordés à la clientèle survenus principalement au 3e trimestre 2019.

La variation positive du secteur coté est imputée à la forte progression des crédits des trois banques publiques, en particulier, la BNA dont l'encours a explosé entre le 31/12/2018 et le 30/09/2019 de 1,47 milliard de dinars. Sur le seul 3e trimestre 2019, les crédits des banques ont augmenté de 522 millions de dinars (+0,8%) dont une hausse des crédits de la BNA de 866 millions de dinars et une baisse pour la BIAT de 620 millions.

La BNA reprend au 30/09/2019 la position de première banque de la place par la taille des crédits nets au détriment de la BIAT. Rappelons qu'en 2018, c'est la BH Bank qui a réalisé la plus forte hausse des encours des crédits nets à la clientèle (+1,4 milliard de dinars), suivie par BIAT (+1,3 milliard) et STB (+1 milliard).

Portefeuille-titres des banques

Les banques tunisiennes consacrent en moyenne 71,8% de leurs actifs aux crédits et 13,5% aux titres financiers. Ces derniers ont enregistré au 30 septembre 2019 une augmentation de 2,34% par rapport à leur taille au 31/12/2018 totalisant 12,8 milliards de dinars et ce, après une légère augmentation de 0,19% en 2018 comparée à 2017.

L'augmentation du Portefeuille-titres résulte d'un accroissement du portefeuille d'investissement de 2,61% au 30 septembre 2019 (+7,6% en 2018) au détriment du portefeuille-titres commercial, en baisse de -0,18%, (-39% en 2018). Les banques investissent de moins en moins en titres (particulièrement en BTA) tout en reclassant progressivement des BTA du portefeuille commercial vers le portefeuille d'investissement.

Nos banques ont moins d'appétit aux BTA. En effet, dans le cadre d'une politique d'orientation des emplois des banques vers les crédits d'investissement, la BCT a institué en octobre 2018 une nouvelle répartition des contreparties de refinancement. Désormais, les banques ne peuvent dépasser une part de 40% en Bons du trésor comme support de garantie présenté à la BCT en contrepartie de leur refinancement.

D'un autre côté, les banques sont contraintes de valoriser leurs BTA logés en portefeuille commercial au prix de marché " Mark To Market ". Les BTA logés dans le portefeuille-titres d'investissement sont valorisés au coût historique à condition que la banque ait la capacité de détenir ces titres jusqu'à l'échéance. D'une manière générale, et en dehors des BTA, les titres logés dans le portefeuille-titres d'investissement ne font l'objet de provisions que dans les deux cas suivants : (1) Une forte probabilité que l'établissement ne conserve pas ces titres jusqu'à l'échéance ; (2) L'existence de risques de défaillance de l'émetteur des titres.

Collecte des dépôts

Au 30 septembre 2019, la collecte des banques cotées a évolué depuis le 31 décembre 2018 de 4,1 milliards de dinars, équivalent à une hausse de +6,7%, soit à un rythme plus élevé que les crédits nets (+3,3%). Sur l'année entière 2018, les crédits nets à la clientèle des banques cotées ont augmenté de 5,3 milliards de dinars, soit +8,8% alors que les dépôts ont augmenté de 4,5 milliards (+8%).

En absolu, (en valeur) la plus forte collecte durant les neuf premiers mois de l'année en cours a été enregistrée par BH Bank (+829 millions de dinars), suivie par BNA (+634 millions) et STB (+591 millions). Ce sont justement les banques qui ont accordé le plus de crédits qui ont le plus augmenté leurs dépôts : Les crédits créent les dépôts. En 2018, la plus forte collecte a été enregistrée par la BIAT (+927 millions de dinars), suivie par Attirai bank (+759 millions) et BH (+610 millions).

Au 30 juin 2019, et selon les états de flux de trésorerie, la hausse des dépôts se retrouve en cash à hauteur de 80%. La divergence entre l'accroissement des dépôts tel qu'ils figurent au bilan et les encaissements provenant des flux de trésorerie des dépôts nets de retrait est assez prononcée pour certaines banques.

L'accroissement relatif des dépôts de +6,7% reflète une progression des dépôts à vue de +6,5%, des comptes d'épargne de +4% et des dépôts à terme et autres sommes dues à la clientèle de +9,4%. En relatif, Wifak Bank réalise la meilleure progression des dépôts, tirée par la progression des comptes d'épargne (Tawfir) de +37%. En seconde position, c'est la BH Bank qui améliore ses dépôts de +12,7% suivie par la STB. La distinction revient à l'Amen BANK, BTE et UBCI qui réussissent à accroître les dépôts à vue et compresser les DAT. A l'opposé, l'ATB enregistre une baisse de ses dépôts à vue et une envolée de ses DAT.

Dans un contexte de tarissement de la liquidité et des contraintes réglementaires (passage du LCR à 100% à partir de 2019) les banques ont été contraintes de mobiliser des dépôts à terme plus onéreux que les autres formes de dépôts.

Crédit Bruts Vs dépôts : LTD

Les crédits bruts à la clientèle ont progressé entre le 31/12/2018 et le 30 juin 2019 de 2,58% (+1,89 milliard de dinars) alors que les dépôts ont augmenté de 3,6% (+2,22 milliards). Par conséquent, le ratio apparent Loan To Deposit, est passé de 120,4% au 31/12/2018 à 119,1% au 30 juin 2019. C'est un ratio apparent dans la mesure où il intègre (à tort) les dépôts en devises et ne tient pas compte (à tort) des emprunts autres qu'obligataires et interbancaires.

Le ratio de transformation est appelé à s'améliorer au 30 septembre 2019, puisque l'encours des dépôts s'est bonifié de 6,7% (toute les banques ont réalisé une hausse de l'encours de leurs dépôts entre fin 2019 et le 30 septembre 2019), alors que les crédits nets ont porté leur croissance sur un an à +3,3% contre +2,54% au 30 juin 2019. En effet, la masse des crédits net n'a augmenté que de 0,8% (+522 millions de dinars) au 3trimestre 2019. Six banques ont réduit l'encours de leurs crédits au 3e trimestre 2019, en particulier la BIAT qui a baissé ses crédits de 619,6 millions de dinars.

Coût des ressources Vs taux de sortie

Le coût moyen des ressources (Emprunt sur marché monétaire, dépôts de la clientèle et emprunts financiers) passe de 4,5% en 2018, soit TMM annuel moyen moins 2,2%, à 5,2% (annualisé) au premier semestre 2019, soit TMM semestriel moyen moins 2,6%. Le coût moyen des ressources marque ainsi entre 2018 et le premier semestre 2019, une hausse de +0,69% contre une hausse du TMM moyen de la période afférente de 1,02%.

WIB, BNA, Amen Bank et BH BANK affichent les coûts de ressources les plus élevés (supérieurs à 6%), entraîné par une trésorerie de fin de période sous pression. La STB se distingue des banques publiques avec un coût moyen de 4,9% aux six premiers mois de 2019, soit moins élevé que la moyenne des banques cotées.

Le taux moyen de sortie des emplois (crédits nets à la clientèle et prêts sur marché monétaire) passe, quant à lui, de 7,8% en 2018, soit TMM annuel moyen plus 1,1%, à 8,7% soit TMM semestriel moyen plus 1,0%. La STB, la BNA et Amen Bank, affichent des taux moyens de facturation des crédits de plus de 9% sur le premier semestre 2019, suivie par BT (9%) et BH (8,8%).

En aboutissement, le spread de taux du secteur monte de 0,19% à 3,56% aux six premiers mois 2019 contre 3,37% en moyenne pour 2018. La STB gagne deux places dans le classement de spread de taux détrônant en même temps la BIAT et l'UBCI. La STB affiche un spread de 4,47%. 

Produit Net bancaire

Au 30 septembre 2019, les banques ont réalisé un PNB de 3,54 milliards de dinars marquant une hausse (en glissement annuel) de 14% comparé à la même période de l'année précédente contre une croissance (GA) de 14,8% au 30 juin 2019 et contre 18,3% sur l'année pleine 2018. Cette croissance émane d'une hausse de la Marge sur intérêts de 21,9%, de la marge sur commissions de 10,5% et des revenus de marché de 2,4%.

A l'image de l'année précédente, la Marge sur intérêts augmente de plus de 20%. La hausse répétitive du taux directeur, et la réallocation d'une partie des emplois en Bons de Trésor au profit de crédits aux entreprises éligibles au refinancement à 6 mois ont dopé la marge sur intérêts des banques.

Comparé à l'année pleine 2018, le ralentissement de la croissance du PNB au 30 septembre 2019 en glissement annuel est imputé à la décélération de la croissance de la MIF (21,9% contre 24,1% en 2018), de la marge sur commissions (10,5% contre 11,8% en 2018) et surtout des revenus de portefeuille (2,4% contre 13,4% en 2018).

L'obligation imposée aux banques par la BCT d'identifier en amont l'horizon de placement desbons de Trésor à détenir sur le court terme (portefeuille commercial) et ceux à l'échéance (portefeuille d'investissement), le passage à la valorisation au Mark To Market à partir de 2018 des Bons de Trésor logés dans le portefeuille commercial et l'institution à partir d'octobre 2018 d'une nouvelle répartition des contreparties du refinancement (40% seulement en Bons du Trésor) ont eu pour conséquence de réduire les revenus du portefeuille titre des banques. Les gains de trading sont limités aux titres logés dans le portefeuille commercial dont, une grande partie a été reclassée dans le portefeuille d'investissement.

La poursuite de la croissance de la marge sur intérêts à un rythme plus élevé que les deux autres composantes, porte la part de la MIF dans le total PNB du secteur coté à 53,8% contre 50,3% en 2018. Se sont les banques les plus exposées à la marge d'intérêt et qui affichent les meilleurs spread d'intérêt, qui ont le plus capté la hausse des taux sur les dernières années.

Compte tenu des réalisations enregistrées au 30 septembre 2019, de l'évolution des emplois (Crédits et Portefeuille titres) et des dépôts par catégorie, le PNB agrégé des banques cotées devrait atterrir fin 2019 au niveau de 4,8 milliards de dinars, soit une croissance prévue au terme de cette année de 10,6% (contre +18,3% l'année précédente) et qui émanera d'une croissance de 18,8% de la marge sur intérêts, de 8,6% de la marge sur commissions et de 0,2% des revenus de portefeuille.

Par banque, la BNA devrait réaliser la plus forte hausse du PNB en absolue et en relative, avec un accroissement de 102 millions de dinars (+18,4%) pour porter son PNB 2019 à 656 millions de dinars. La BH marquera le pas avec une hausse in extremis de 2,1%. Enfin, ATB et Wifak Bank verront leur PNB évoluer dans le sens de la baisse.

Productivité

Les charges opératoires

Au 30 septembre 2019, les charges opératoires des banques se sont élargies de 12,4% soit à une cadence moins élevée que l'évolution du PNB (+14,0%). La masse salariale accapare 63,6% des charges opératoires. Toutes les banques cotées ont enregistré une hausse des charges de personnel à l'exception de la BIAT dont les salaires ont baissé au 30 septembre 2019 (en GA) de 2%.

La BIAT et la BNA affichent toutes les deux une masse salariale de même taille (autour 160 millions de dinars), alors que le PNB de la BIAT est 1,5 fois plus élevé que celui de la BNA. En dehors de Wifak Bank, les banques STB (+19%), ATB (+17%) et BNA (+16%) affichent les plus importantes hausses de la masse salariale. Wifak Bank et ATB, sont les seules banques à réaliser une baisse de leur PNB en même temps qu'une hausse de leurs charges opératoires.

Tenant compte de l'évolution du PNB et des charges de fonctionnement, le Résultat Avant Provisions et avant Impôts (RAIP) au 30 septembre 2019 des banques cotées, ressort à 1 910 millions de dinars, en accroissement de 15,1% (+251 millions de dinars) par rapport à celui enregistré aux neuf premiers mois de l'année précédente.

RAIP (Résultat Avant Impôt et Provisions)

En absolue, la BIAT est la banque qui a augmenté le plus son RAIP (+77,3 millions de dinars) suivie par STB (+62 millions) et la BNA (+54 millions). En relatif, STB réalise la meilleure performance avec une remontée de son RAIP de 39%, secondée par la BNA (+25,7%) et la BIAT (+23,8%).

En bas du tableau, le RAIP de l'ATB recule de 30,4 millions de dinars (-39%). La BH BANK également, dont les charges opératoires ont évolué de 15,8% contre une hausse du PNB de seulement 6,2%, réalise une baisse de son RAIP de 2,7 millions de dinars. Enfin Wifak Bank creuse son déficit de RAIP de -7,5 millions de dinars à -9,6 millions.

A la clôture de l'exercice 2019, les charges opératoires devront enregistrer une hausse de 9,3% (+191,8 millions de dinars) contre une hausse du PNB 2019 de 10,6% (+460,8 millions de dinars). En conséquence, le RAIP devrait atterrir au niveau de 2,63 milliards de dinars, soit une hausse de 11,3% (+266,7 millions de dinars) contre une progression de 18,5% une année auparavant.

Le décalage positif entre le rythme de croissance du PNB face à celui des frais généraux, permet au secteur d'améliorer sa productivité. Le coefficient d'exploitation du secteur passera de 47% en 2018 à 46,5% en 2019. L'amélioration de la productivité résulte ainsi de trois facteurs : une croissance du PNB plus rapide que les charges, un ralentissement de l'expansion du réseau d'agence et une baisse de l'effectif global du secteur.

Les banques publiques affichent des coefficients d'exploitation proches de ceux des banques privées, mais elles sont en net décalage en matière de couverture des salaires par les commissions.

Ratio d'adéquation des fonds propres (Solvabilité)

Les banques cotées ont montré, en 2018, une résistance globale au niveau de leur solvabilité, avec tout de même une légère détérioration par rapport à 2017 malgré la prise en compte du risque du marché dans l'exigence de fonds propres, l'absence d'opérations d'augmentation de capital en 2018 et le faible nombre des levées d'emprunts subordonnés (quatre émissions pour 215 millions de dinars).

Cette résistance est imputée en grande partie à la croissance des bénéfices en particulier la part des bénéfices non distribués. Les banques cotées ont dégagé en 2018 près de 1 174 millions de dinars de bénéfices dont seulement 350,4 millions de dinars ont été versés aux actionnaire. Par conséquent, 823 millions de dinars ont été incorporés dans les réserves.

Au 30 septembre 2019, les trois grandes banques publiques ont agrandi la taille des crédits de 2,34 milliards de dinars, soit une croissance de 9,2% contre une baisse de -0,4% pour le reste des autres banques cotées. La poursuite de la hausse des crédits à ce rythme risque de dégrader le ratio de capital de ces banques en 2019, si elle ne s'accompagne pas d'une consolidation de fonds propres nets de base et/ou complémentaires. 

La BH Bank dont le ratio de solvabilité s'est légèrement dégradé en 2018 de 0,3% à 10,7%, (malgré l'augmentation de capital réalisée fin 2017 lui permettant d'injecter 102 millions de dinars) s'explique par l'importante croissance de l'encours des crédits (nets) entre 2017 et 2018 qui ont augmenté de 1,4 milliard de dinars (la hausse la plus importante du secteur en 2018).

La BH Bank a poursuivi, en 2019, la distribution des crédits tout en ralentissant la cadence. Au 30 septembre 2019, les crédits nets de la banque se sont accrus de 489 millions de dinars comparés à leur niveau du 31/12/2019. La banque a levé au mois de mars dernier 40 millions de dinars dans le cadre d'un emprunt obligataire subordonné.

De même, la STB a vu son ratio de capital se dégradé en 2018 pour se situer à 10,7%. Les crédits de la banque ont augmenté au 30 septembre 2019 de 392 millions de dinars. La STB vient de clôturer en date du 28 novembre 2019, un emprunt obligataire subordonné de 50 millions de dinars.

Enfin la BNA, affiche fin 2018 un ratio de solvabilité de 14,7% soit 2,3% de plus que l'année 2017. Entre 2015 et 2018, la banque a dégagé des bénéfices cumulés de 539,4 millions de dinars dont 319 millions provenant des plus-values sur cession des titres SFBT (93,8 millions en 2015, 96,1 millions en 2016, 95,9 millions en 2017 et 33,2 millions en 2018). L'amélioration de la capacité bénéficiaire de la banque conjuguée aux plus-values cumulées réalisées sur le titre SFBT et la non distribution de dividendes depuis 2013, ont contribué au renforcement des fonds propres de la banque et à sa solidité financière.

La BNA affiche fin 2018 un ratio Tier One de 9,86% contre 7,99% une année plutôt. Toutefois, les crédits de la banque ont explosé au 30 septembre 2019 de 1,46 milliard de dinars (plus forte hausse de l'année 2019). Une hausse qui sera gourmande en fonds propres. Afin de contenir l'évolution des actifs pondérés par les risques, la BNA a clôturé au mois de juillet 2019 une augmentation de capital en numéraire lui permettant de lever 168 millions de dinars auprès du public, de convertir une partie de la dotation de l'Etat pour 90 millions de dinars sur un total de 133 millions et de compenser un engagement hors bilan revenant à l'Etat pour 79,5 millions de dinars sur un total de 160 millions.

Attijari bank est la banque privée qui a augmenté le plus ses crédits au 30 septembre 2019 avec un accroissement de 361 millions de dinars. Avec un ratio de solvabilité de 12,2%, la banque s'appuie sur une marge de manœuvre assez confortable.

La BIAT affiche un ratio de solvabilité de 10,2%, in extremis du minimum réglementaire. En 2019, la banque a distribué, au titre de l'exercice 2018, des dividendes pour 85 millions de dinars. Tenant compte d'une forte pression sur son ratio de capital et du dépassement de la limite réglementaire de 25% d'engagements sur les parties liés, le management de la BIAT a annoncé dans un premier temps que la banque compte opérer une augmentation de capital en numéraire.

Toutefois l'opération a été reportée et la banque a choisi de réduire sensiblement la taille des actifs pondérés. En effet, l'encours des crédits nets à la clientèle s'est contracté au 30 septembre 2019 de 439 millions de dinars comparé au 31/12/2018. Par ailleurs, la banque compte lever au mois de décembre 2019, un montant de 45 millions de dinars dans le cadre d'un emprunt subordonné sans appel public à l'épargne.

Qualité des actifs

Malgré un contexte économique difficile conjugué à la majoration des taux d'intérêts, les banques ont maîtrisé la hausse des engagements classés à un rythme moins élevé que l'évolution de l'ensemble des crédits. En moyenne, la part des CDL dans total engagements est passée de 11,3% en 2017 à 10,8% en 2018. UBCI, Attijari bank et BIAT affichent des taux de créances classées moins de 7%. BT et UIB affichent des taux inférieurs à 10%.

Ce constat n'est pas aussi vrai au niveau du taux de couverture, qui a dévissé de 2,2 points de taux en moyenne. Attijari bank, BIAT, BNA et surtout BT ont vu leur taux de couverture nettement se dégrader en relation notamment avec la classification des sociétés Carthage Cement (en 2018, la BCT a imposé aux banques de classer 25% de leurs expositions sur Carthage Cement).

Pour autant, les banques ont constaté en 2018 des dotations aux provisions et résultats des corrections de valeurs sur créances, hors bilan et provisions pour passifs, de 725,6 millions de dinars (16,6% du PNB) contre 581,4 millions de dinars (15,7% du PNB) en 2017, soit un provisionnement supplémentaire de 24,8% (+144,1 millions de dinars).

Pour 2019, nous estimons que les banques constateront (si elles comptent s'aligner au taux de couverture normatif de 70% dans un délai maximum de deux ans : 2019 et 2020) des dotations aux provisions sur créance de 777,4 millions de dinars, contre 725,6 millions de dinars en 2018 (année caractérisée par le classement de Carthage Cement) et des dotations au titre de la couverture du portefeuille-titres de 96,9 millions de dinars.

Au total, le coût du risque s'élèvera à 874,3 millions de dinars contre 732 millions en 2018, soit un accroissement de 142,2 millions de dinars (+19,4%) provenant d'un accroissement de 51,9 millions au titre de la couverture des créances et +90,3 millions supplémentaires pour la couverture du portefeuille-titres essentiellement de la STB et BNA.

Projections Résultat Net 2019

Au final, les banques devront réaliser en 2019 une croissance de la masse bénéficiaire de 7,1% contre une croissance de 5,6% en 2018. La masse bénéficiaire sociale des banques s'élèvera à 1,25 milliard de dinars contre 1,17 milliard en 2018 et 1,11 milliard en 2017.

La STB réalisera la plus forte hausse des bénéfices en 2019 aussi bien en absolu (+32,7 millions de dinars) qu'en relatif (+48,8%). Elle sera secondée par l'UBCI (+27%) et l'UIB (+17,2%).

Sans surprise, le plus grand bénéfice est attribué à la BIAT avec un résultat prévu de 270,8 millions de dinars, suivie par la BNA avec 182,9 millions et Attijari bank avec 157,7 millions.

Perspectives 2020

En 2020, le secteur évoluera dans un contexte de continuité à celui de l'année 2019, avec une supervision plus rapprochée de la BCT notamment sur les volets de solvabilité, de liquidité et de division des risques. Sur le plan économique, le démarrage de l'année sera marqué par une croissance économique toujours atone et une transmission pleine de l'effet de la hausse des taux sur le coût des ressources des banques, même si cette hausse profitera aux nouveaux crédits accordés. Toutefois, la plupart des banques ont épuisé leur capacité de distribution des crédits, sous réserves d'augmenter leur fonds propres nets et leurs dépôts ou emprunts extérieurs.

Collecte des ressources

La liquidité sera la pierre angulaire de toute ambition de croissance future des banques. Les efforts des autorités monétaires en matière de "decaching" et de digitalisation de transactions conjugués à des niveaux de taux de rémunération de l'épargne bancaire assez élevés sont susceptibles de porter leurs fruits et soulager la liquidité. La tension sur cette dernière commence à montrer des prémices de décontraction. La trésorerie agrégée des banques cotées est passée de -3,68 milliards de dinars fin 2017 à -2,99 milliards fin 2018 et à -2,38 milliards au 30 juin 2019.

Le soulagement partiel de la liquidité des banques s'est confirmé au 3e trimestre 2019, en relation avec l'apaisement de l'impact restrictif des facteurs autonomes de la liquidité (fuite du dinar au profit soit des billets et monnaie en circulation, soit au Trésor, soit encore pour l'achat des devises pour financer les importations). Selon les données de la BCT, le déficit de la liquidité des banques s'est réduit à 2,42 milliards de dinars en moyenne au 3trimestre 2019 contre 3,81 milliards au 2trimestre 2019.

Etant donné que les interventions de la Banque Centrale (11,7 milliards de dinars) restent encore insuffisantes pour couvrir les besoins des banques (14,1 milliards), le déficit de liquidité sur le marché monétaire s'est poursuivi mais avec moins d'acuité que le trimestre précédent.

Cette situation a amené les banques à réduire leurs recours aux facilités de prêt à 24 heures au cours dudit trimestre. En effet, ces dernières sont revenues en moyenne de 3,8 milliards de dinars au T2 à 2,5 milliards au T3-2019. Il convient de signaler que l'encours moyen global des opérations de politique monétaire s'est replié substantiellement au troisième trimestre pour se situer à 14,1 milliards de dinars contre 16,1 milliards un trimestre auparavant.

Le repli du déficit de liquidité des banques tient surtout à l'atténuation des pressions sur la liquidité, comme reflétée à travers l'évolution des facteurs autonomes, grâce notamment :

  • Aux nombreuses opérations de vente des devises par les banques à la Banque centrale au cours des mois de juillet et d'août. Ces ventes nettes ont totalisé 1,44 milliard de dinars tout au long du trimestre, contre seulement 72 millions de dinars un trimestre auparavant, donnant lieu à un effet expansif sur la liquidité de la même ampleur.
  • À l'affermissement des opérations de change des billets de banque étrangers 1,763 Mrd de dinars au T3-2019 contre 364 millions de dinars au T2-2019, suite à une bonne saison touristique qui a généré une hausse des recettes en devises en provenance des ressortissants tunisiens vivant à l'étranger.
  • Au faible sortie du trésor qui préfère financer son besoin avec des ressources extérieures.
  • Au retour des billets et monnaies en circulation (BMC) dans les caisses des banques, juste après AID EL IDHA et la saison estivale, ce qui a renforcé la liquidité des banques de plus de 0,9 milliard de dinars. Mais, la masse des BMC a repris la hausse en décembre.

L'apaisement du déficit de liquidité sur le marché monétaire durant le troisième trimestre de 2019 a contribué à la légère détente des taux interbancaires, et par conséquent, du taux moyen mensuel du marché. En moyenne trimestrielle, le TMM s'est stabilisé à 7,83% au T3-2019 contre 7,84% au T2-2019. Le taux de l'appel d'offres s'aligne au taux directeur, ce qui laisse présager une future baisse du taux directeur de la BCT, surtout si la baisse de l'inflation ce confirme au T4-2019.

En effet, le taux moyen pondéré (TMP) des opérations principales de refinancement (taux de l'appel d'offres) s'est maintenu, en septembre 2019 à 7,75% et ce, pour le cinquième mois consécutif.

Sur un autre front, la convergence graduelle aux standards de Bâle III et l'adoption des normes IRFS en 2021, donnerai plus de crédibilité et de transparence aux banques tunisiennes vis-à-vis des bailleurs de fonds étrangers. Cette alternative de financement permettrait aux banques d'améliorer leur ratio de transformation (LTD) et par conséquent leur marge de manœuvre de distribution de crédits.

Distribution de crédits

Dans un contexte d'anticipation de baisse de l'inflation, les agents économiques sont plus sensibles aux taux d'intérêts nominaux, (hausse du taux d'intérêt réel). Par conséquent, la demande de crédit des entreprises est subordonnée à un alignement à la baisse des taux monétaires ainsi qu'à la reprise de la croissance économique. Dans ce cas, l'offre de crédits est subordonnée à la capacité des banques de lever des ressources de liquidité ci-dessus mentionnées.

Produit net bancaire

Pour l'année 2020, le coût des ressources des banques est amené à augmenter suite à la transmission de la hausse du taux directeur sur les dépôts rémunérés. Les banques qui affichent une plus grande aptitude à distribuer de nouveaux crédits aux taux actuels profiteront le mieux.   Au 30 septembre 2019, la marge d'intérêts des banques accapare 53,8% du PNB. Par conséquent, dans un contexte marqué par un encadrement plus strict des placements en BTA, et une saturation des revenus des commissions, la tendance du PNB est fortement corrélée à la marge sur intérêts.

La croissance ne sera pas homogène entres banques. Sept critères seront déterminants pour tracer la tendance des bénéfices des banques en 2020, en l'occurrence: (1) le ratio de solvabilité, (2) la trésorerie disponible, (3) le Ratio Loan To Deposit, (4) le Spread sur taux d'intérêt, (5) le poids des dépôts à vue dans total de dépôts, (6) le poids des commissions dans le PNB (matelas de sécurité en cas de baisse des taux) et finalement (7) la capacité des banques à lever des ressources extérieures.

Un système de notation par Scoring des banques à partir des 6 premiers critères susmentionnés fait ressortir Attijari bank comme banque la plus apte à réaliser une croissance positive de ses bénéfices en 2020, suivie par BIAT et UBCI à la seconde place, UIB à la 4e position et BT à la 5e position. Ce ne se sont pas les banques les plus performantes en 2019 qui le seront en 2020.

Scénario de renversement à la baisse des taux d'intérêt

Avec un taux de l'appel d'offre qui évolue sur la trajectoire du taux directeur, et une inflation qui commence à donner des signes d'apaisement, la probabilité de voir la BCT commencer à baisser son principal taux est fort probable en 2020, surtout si la croissance économique ressort inférieure à 1% ou négative au 4e trimestre 2019.

Dans un tel scénario (baisse du taux directeur), la marge d'intérêt devrait commencer à s'essouffler, mais l'effet volume pourrait compenser l'impact négatif de l'effet prix pour certaines banques. Un retour d'engouement aux BTA est plausible. Les bons du trésor seront classer dans le portefeuille titre commercial afin de profiter de la valorisation "Mark To Market".


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