Posté le 19/07/2015 18:41:03
Tout d’abord je commence par deux citations de Warren BUFFET :
- La plupart des gens s'intéressent aux actions quand tout le monde s'y intéresse. Le moment d'acheter est quand personne ne veut acheter.
- Soyez craintif quand les autres sont avides. Soyez avide quand les autres sont craintifs
Ci-joint ma brève analyse financière du titre LSTR :
Analyse financière :
L'analyse financière s'appuie sur des normes pour porter un jugement de valeur sur la santé d'une entreprise.
Il faut donc apprécier LSTR selon :
- sa capacité bénéficiaire ; il s'agit de mesurer la rentabilité économique des capitaux investis ;
- les perspectives de progression de ses activités et de ses résultats ;
- le risque financier que l'on peut lui associer.
Ce risque financier dépend des équilibres financiers de LSTR et de son degré d'autonomie.
L’évolution de l’activité de LSTR et de ses résultats :
Ratios de progression de l'activité CA : (CA N - CA N-1) / CA N-1 = -19%
Ratios de profitabilité :
- EBITDA/CA : 14% en 2014 contre 11% en 2013
Ce taux mesure la capacité de LSTR de générer un résultat à partir de son CA.
- Taux de marge commercial = -9.75% en 2014 d’après les SIG
Du jamais vu, une activité commerciale enregistre une marge négative. Je ne pense pas qu’il s’agit d’une erreur (LSTR est soumise au régime du co-commissariat aux comptes) mais plutôt d’une magouille dont j’ignore sa finalité.
Taux de valeur ajoutée = 19.5% en 2014 contre 15% en 2013
Tous les postes liés à l'activité et au résultat sont en baisse en 2014, toutefois Il semble qu'il y ait eu une bonne maitrise de cette baisse d'activité.
L’évolution de sa trésorerie & sa solvabilité :
FRNG = BFR + Trésorerie
- le BFR a enregistré une diminution de 3.5% par rapport à 2013
- le FRNG a enregistré une diminution de 31% par rapport à 2013
On constate que la diminution du BFR (3.5%) n’est pas en phase avec celle du CA (19%) cela peut s’expliquer soit par la détérioration des conditions de règlements par rapport à 2013 soit qu’une bonne partie de BFR ne concerne pas l’activité ou l’exploitation de LSTR, dans les deux cas on peut comprendre qu’il y a une mauvaise gestion.
Paradoxalement, d’après l’état des flux des trésoreries, le flux net de trésorerie généré par l’exploitation est positif, ce qui est une bonne chose puisque c'est essentiellement de ce poste que doit venir la trésorerie. Si l'activité principale (ce pour quoi LSTR a été créée) ne dégage pas de trésorerie, la situation deviendrait vite inquiétante. Néanmoins, l’augmentation des flux de trésoreries d’exploitation de plus de 400% par rapport à 2013 (5.6M en 2014 contre -19M en 2013) n’est pas en cohérence avec tous les autres indicateurs.
Selon l'approche fonctionnelle, la règle générale des équilibres financiers indique que le F.R.N.G doit être > 0. Aussi bien en 2013 qu'en 2014, le F.R.N.G est > 0 mais il s'est glissé de 31% signe de vulnérabilité de LSTR.
LSTR est solvable dans la mesure où l'actif réel est suffisant pour permettre de payer toutes les dettes. D’après ce qui précède, LSTR n’est pas solvable dans une perspective de liquidation, notamment si elle se trouve en cessation de paiement par suite d'un manque de liquidité du bilan.
L’évolution de son endettement :
Endettement financier brut : 68M en 2014 contre 70M en 2013
Endettement financier net : 65M en 2014 contre 67M en 2013
Taux d’endettement : 309% en 2014 contre 320% en 2013, sachant que selon les règles généralement admises des grands équilibres financiers, le taux doit se situer idéalement aux alentours de 50%.
Ratio de capacité de remboursement : Endettement financier net (DFN)/CAF
30.23 en 2014 contre 14.40 en 2013
La capacité de remboursement, mesurée par le ratio DFN/CAF, montre que LSTR ne dispose pas de potentiel de trésorerie suffisant pour lui permettre de rembourser ses emprunts (30.23 fois sa CAF en 2014).
Ratio des frais financiers : Coût de l'endettement/EBIDA
77% en 2014 contre 59% en 2013
Le ratio des frais financiers est considéré comme le plus déterminant dans l'analyse du risque. Il exprime ainsi la capacité de LSTR à disposer d'un résultat après avoir assuré la couverture des frais financiers. Ce ratio reste à mon avis d'un niveau très élevé par référence aux normes de risque.
L’évolution de sa rentabilité :
La rentabilité financière de LSTR est d’un niveau très faible surtout en 2014 soit 0.7% contre 16% en 2013.
Levier d’exploitation négatif : puisque le cout de la dette est supérieur à la rentabilité financière
Le bras de levier > 1 : puisque les dettes > aux capitaux propres
L’effet de levier négatif avec un bras > 1: LSTR a mécaniquement tout intérêt à procéder à une augmentation du capital en numéraire sinon ça sera la cata.
Évaluation des capitaux propres :
A travers la capacité boursière : Valeur des capitaux propres = Valeur boursière de LSTR – Dettes financières nettes = - 55M
A travers le bilan : Valeur des capitaux propres = 22M
A mon avis, soit le CMF doit intervenir pour prendre les mesures qui s’imposent, soit que la CSEE doit être saisie sans délais, soit que la responsabilité des CAC doit être engagée pour manque de diligence ou pour application de l’Art 55 de la loi 95-34.
Conclusion
LSTR est en grande difficulté et elle va devoir faire des efforts importants pour tenter de redresser la situation.
En effet, il va lui falloir rembourser rapidement ses concours bancaires et rembourser les emprunts supplémentaires.
Il faut espérer que les mesures prises par l’Etat pour lutter contre le commerce parallèle vont porter leurs fruits dans les années à venir et permettre d'augmenter encore le CA ainsi que la C.A.F.
Par ailleurs LSTR devra tenter d'accélérer l'encaissement des créances clients, de surveiller de près et régulièrement le B.F.R.E, de mettre en place d’un pool de trésorerie (le netting, la centralisation des flux de paiements commerciaux, l’équilibrage automatique de trésorerie) et bien sur ne plus distribuer de dividendes tant que la situation financière n'est pas redressée !
Prochainement, pour une meilleure compréhension du titre LSTR, je dois compléter mon analyse financière par une analyse stratégique dont les résultats se profilent plutôt aux verts.