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La BCT analyse l'évolution des Billets et Monnaies en Circulation en Tunisie

ISIN : TN0009050014 - Ticker : PX1
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La Banque centrale de Tunisie (BCT) vient de publier une analyse approfondie sur l'évolution des billets et monnaies en circulation en Tunisie qui reflète un changement du comportement des agents économiques vis-à-vis de la fiducie et traduisant une préférence nette pour l'utilisation du cash. Analyse.

Au cours du mois d'août 2016, les Billets et Monnaies en Circulation (BMC) ont franchi le seuil de 10.000 MDT, passant d'un niveau de 9.190 MDT à 10.092 MDT entre fin mai et fin août, période qui couvre la saison estivale, le mois de ramadan et Aïd el Fitr (mois de juin et juillet). La circulation fiduciaire a poursuivi son accroissement jusqu'à la fête de Aïd El Idha pour se situer à 10.392 MDT, le 9 septembre 2016, soit son niveau le plus élevé enregistré jusqu'à maintenant.

Toutefois, il convient de noter que le comportement des BMC a connu deux variations exceptionnelles, la première en 2011 lorsque les BMC en moyenne ont enregistré une croissance très importante de 1.231 MDT, soit une hausse de 22,4% par rapport à 2010, suite aux retombées de la révolution et l'environnement d'instabilité et d'incertitude qui ont caractérisé la période post-révolution, et la seconde, en 2013, marquée par une baisse de 253 MDT, reflétant une diminution de 3,4% par rapport à 2012, suite à la décision de la BCT de changer certaines coupures de billets de banque.

Evolution du ratio BMC/PIB sur la période 2000-2015

Pour mieux analyser l'évolution de la circulation fiduciaire et le comportement des agents économiques vis-à-vis du cash, en Tunisie, et les comparer à ceux observés dans d'autres pays, on a rapporté les BMC (de fin de période et en terme de moyenne annuelle) au PIB courant.

Ce ratio a sensiblement évolué, que ce soit en se référant aux BMC de fin de période ou en terme de moyenne annuelle, passant d'une moyenne de 8,8% ou 8,2% sur la période 2005-2010 à 10,4% ou 10,1% après 2011, alors qu'il était de 8% ou 7,7% pendant la période 2000-2004.

Cela signifie que la circulation fiduciaire est en train d'augmenter plus vite que le PIB nominal, reflétant probablement un changement du comportement des agents économiques vis-à-vis de la fiducie et traduisant une préférence nette pour l'utilisation du cash (ce constat est d'autant plus confirmé par l'évolution comparée depuis l'année 2011 des taux de croissance annuel moyen des BMC en fin de période ou en terme de moyenne annuelle et du PIB courant).

En effet, l'utilisation du cash comme moyen de paiement privilégié pourrait être la résultante, d'un côté, de l'expansion du secteur informel et de l'évasion fiscale, et d'un autre côté, du retard accusé dans le développement des moyens de paiement modernes vu la réticence croissante des commerçants pour l'acceptation de chèques et le nombre encore insuffisant des TPE installés.

Une frange importante de commerçants (mises à part les grandes surfaces) rechigne d'adopter la carte bancaire, qui est pourtant un moyen de paiement rapide et sécurisé, en raison notamment des commissions élevées, obligeant les agents économiques dans la plupart des situations à payer en espèce.

Ce constat est confirmé par les statistiques concernant la monétique où le taux de croissance annuel des commerçants affiliés a diminué, passant de 8,3% en 2010 à -2,4% en 2015 et celui du nombre global des transactions qui est passé de 19,4% en 2010 à 6,1% en 2015. De même, le nombre de TPE installés est passé de 11.968 en 2010 à 13.148 en mars 2016 soit un taux d'accroissement ne dépassant pas 10%. Le volume global des transactions en monnaie électronique demeure faible par rapport aux autres moyens de paiement, soit 7.191 MDT contre 73.668 MDT pour les chèques et 18.874 MDT pour les effets en 2015.

Comparaison de l'évolution des BMC/PIB avec d'autres pays

Dans la mesure où le ratio BMC/PIB est un indicateur de degré de développement des moyens de paiement, les analyses montrent que pour un pays développé tel que l'Angleterre, ce ratio est assez bas par rapport à celui du Maroc et de la Tunisie. Pour le cas de la Grèce, qui est un pays en pleine crise, le ratio BMC/PIB a eu une tendance haussière expliquée par la préférence accrue pour la détention de la fiducie par manque de confiance dans le système bancaire.

Répartition géographique et par opérateur des BMC

L'analyse de la décomposition des BMC en Tunisie montre l'interférence de plusieurs phénomènes. D'une part, la répartition par opérateur des mouvements d'entrée et de sortie des billets permet de conclure que l'Office National des Postes (ONP) est celui qui contribue le plus à la hausse des BMC.

D'autre part, l'étude des mouvements par comptoir permet une classification de ces derniers entre ceux enregistrant traditionnellement des sorties nettes de billets et ceux enregistrant des entrées nettes. Des caractéristiques économiques et sociales des différentes régions sont derrière ces phénomènes.

De plus, ce constat nous a permis de déduire que les BMC retirés de l'ONP en faveur d'une population non bancarisée (principalement des retraités et des ouvriers de chantiers), reviennent en grande partie au système bancaire et au Trésor.

En outre, l'analyse par comptoir montre que l'activité économique prédominante détermine la nature des mouvements pour chaque région. Par exemple, une région qui dépend principalement de l'agriculture telle que la région du Nord-Ouest (comptoir de Jendouba), ou du commerce informel (principalement le comptoir de Gafsa) est une région où on a le plus recours au cash pour les transactions commerciales.

A l'inverse, dans les régions où les secteurs de l'industrie et/ou des services sont les plus développés, on enregistre des retours de billets plus importants à travers le système bancaire (exemple : les comptoirs de Sfax et Nabeul).

Un autre facteur commun pour les zones de sorties nettes de billets, est l'importance du nombre de bureaux de poste par rapport à celui des agences bancaires et l'existence d'une frange importante de la population non familiarisée avec les services et produits bancaires. Ce constat est d'ailleurs illustré à travers l'étude détaillée des mouvements des BMC par comptoir.

Conclusion

Comme attendu et à l'instar des années passées, les BMC ont atteint leur niveau le plus élevé au cours de la période qui précède Aïd El Idha. Ainsi, leur niveau, qui a pratiquement doublé au cours des cinq dernières années passant de 5.790 MDT en 2010 à un encours maximum de 10.392 MDT le 9 septembre 2016, ne pourrait baisser significativement en l'absence d'une solution radicale à l'expansion de l'économie informelle et sans le développement adéquat des moyens de paiements modernes.

Publié le 21/10/16 15:11

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