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Ibrahim Debache : Ennakl bien décidée à se développer en Côte d'Ivoire et au Sénégal

ISIN : TN0007410012 - Ticker : NAKL
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Ibrahim Debache, président-directeur général de la société Ennakl Automobiles, concessionnaire des marques Volkswagen, Volkswagen Utilitaires, Porsche, SEAT, Audi et ŠKODA a accordé une interview à Ilboursa. Au cours de cet entretien, M. Debache a abordé plusieurs thématiques parmi lesquelles la règle des quotas, la nouvelle formule de répartition des importations et l'ouverture du marché.

En outre, M. Debache nous a parlé du nouveau plan stratégique d'Ennakl Automobiles appelé "H2020" qui couvrira la période 2017-2020, avec lequel de nouvelles opportunités s'offrent à la société dont l'idée d'exporter son savoir-faire sur d'autres territoires africains. Interview.

 

L'année 2016 a connu une importante dépréciation du dinar face aux principales devises en l'occurrence l'euro et le dollar. Cela a-t-il impacté la marge brute du Groupe relative à l'exercice écoulé ?

Ennakl Automobiles a fini l'exercice 2016 en tant que concessionnaire multimarques N° 1 du marché. Une confirmation des excellentes performances réalisées en 2014 et 2015 sachant que ces réalisations entrent dans le cadre du premier plan stratégique qui avait été réalisé suite au rachat d'Ennakl par les Groupes Amen et Poulina en 2012. En fait, ces performances sont l'aboutissement de ce plan stratégique.

Je vous informe ainsi que nous commençons le nouveau plan stratégique d'Ennakl qui couvrira la période 2017-2020 et que nous avons appelé le "H2020". Ce plan va couvrir ainsi une période de 4 ans avec une consolidation des acquis qui ont couvert la période 2013-2016 et également l'étude de nouvelles opportunités et de nouveaux marchés éventuellement dans le cadre de notre stratégie de développement. 

Je tiens par ailleurs à préciser que si on devait avoir, nous, un slogan ça serait "le N°1 chez Ennakl Automobiles c'est le client" parce qu'on a pu voir différentes compagnes dans lesquelles chaque concessionnaire essaie de se positionner en N°1. Pour moi, ce n'est que l'aboutissement de la satisfaction des clients qui doit être premier ou pas dans le marché.

Pour ce qui est de la performance financière, nous avons réalisé en 2016 un résultat relativement en conformité avec nos objectifs et avec ce que nous avons réalisé en 2015. Cela dit, par rapport à la dépréciation du dinar face à l'euro, nous avons eu un impact sur le prix moyen des véhicules que nous commercialisons sachant que nous sommes sur des positionnements généralement de marques premiums.

Nous veillons ainsi en permanence à améliorer le niveau d'équipement de nos véhicules et celui des services que nous offrons à nos clients pour compenser ce surcoût à l'achat d'un véhicule et malheureusement cette perte de pouvoir d'achat que nous constatons maintenant depuis plusieurs années pour le consommateur tunisien.

Cela dit, nous veillons à ce que, effectivement, le niveau de la rentabilité de l'entreprise soit maintenu même si nous devons continuer, comme nous l'avons fait ces dernières années, à maîtriser nos charges et nos coûts pour pouvoir garantir cette performance financière. Cela passe par un travail sur notre organisation et sur l'efficience de nos équipes que ça soit au niveau du service ou de l'activité pièces de rechange, sachant que nous veillons à ce que le taux d'absorption des charges soit de plus en plus couvert par l'activité service et pièces de rechange. Aujourd'hui, on a un taux d'absorption de l'ordre de 66% avec un objectif d'atteindre un taux de 75% à l'horizon 2020.

Dans le cadre du plan de développement, nous continuons également à confirmer notre présence sur l'ensemble du territoire à travers un réseau de plus en plus important et vital pour garantir la satisfaction de nos clients.

Par ailleurs, nous allons développer de nouveaux concepts dans les prochains mois qui vont nous permettre d'être encore plus présent sur le territoire et de permettre au client de vivre une expérience unique et de bénéficier des mêmes prestations de services dans l'ensemble du réseau Volkswagen. C'est un travail sur lequel nous continuons à investir parce que c'est la seule manière avec laquelle nous pouvons garantir la loyauté de nos clients.

La nouvelle formule de répartition des importations imposée l'année dernière par le ministère du Commerce a-t-elle eu un impact sur l'activité d'Ennakl ?

Au niveau de la Chambre syndicale des concessionnaires automobiles et dans le cadre de ses rapports avec les autorités de tutelle et notamment le ministère du Commerce, on essaie de défendre une ouverture du marché. Un aspect clair et à l'adhésion de la majorité des concessionnaires.

Aujourd'hui, et vu le nombre d'acteurs sur le marché, il devient de plus en plus difficile de gérer la situation et la répartition des volumes d'importation qui nous sont prédéfinies dans le cadre d'un plan général d'importations. Au delà de cette régulation du marché à travers des licences et des volumes d'importation, on nous a imposé d'une manière assez arbitraire l'an dernier la nécessité de limiter nos importations trimestriellement à 25%.

Le phénomène qui s'est produit c'est qu'au début de chaque trimestre il y avait une recrudescence des importations avec tous les goulots d'étranglement qu'on peut imaginer au niveau des autorités portuaires, au niveau des services des mines, ...

En attendant le CMR qui devrait avoir lieu dans les prochains jours, on nous a garanti cette année de suspendre cette mesure qui nous a pénalisé. Il faut savoir qu'il y avait même des bateaux qui ont été refoulés alors que le paiement de ces voitures a été actionné.

S'agissant de la règle des quotas, on espère qu'elle va être suspendue bien qu'on ait compris qu'elle ne peut pas être suspendue le jour au lendemain puisque la conjoncture économique que traverse le pays ne permet pas même si on pense que ce n'est pas le fait d'ouvrir l'importation qu'il va y avoir une recrudescence. Au contraire, ça sera une meilleure régulation de l'offre et de la demande.

Ce qu'on a proposé au ministère du Commerce c'est d'ouvrir partiellement le marché à certaines catégories de véhicules. Plusieurs idées ont été étudiées et discutées avec nos vis à vis au ministère du Commerce notamment celle d'ouvrir le marché des véhicules utilitaires (VU) à l'instar de ce qu'a été fait avec le segment des camions dont on a pu constater après 4 ans d'expérience qu'il n'a pas eu d'augmentation d'importation de camions.

Aujourd'hui, le nombre d'acteurs sur le marché a augmenté avec environ 45 marques distribuées à travers différentes plateformes et cela devient intenable de pouvoir continuer à réguler sous forme de quotas.

Force est de constater que le marché parallèle a explosé ces dernières années. En tant que concessionnaire agréé, comment jugez-vous la concurrence exercée par ce marché ?

Plusieurs décisions, à notre sens, avaient été mal choisies et qui avaient favorisé l'intérêt de certaines personnes. Parmi ces mesures celle de l'extension de l'âge d'ancienneté des voitures importées dans le cadre du régime FCR de 3 à 5 ans. Cette décision a permis au marché parallèle, chiffres à l'appui, de croître de manière exponentielle puisqu'il a atteint jusqu'à 28.000 véhicules qui représentaient à un moment pratiquement 50% des importations de voitures notamment dans le domaine des véhicules particuliers (VP).

Cependant, on a constaté l'année dernière que le marché parallèle a été comprimé et ce, suite à certaines mesures qui ont été prises au niveau du contrôle des véhicules importés et surtout des modes de paiement qui régissent ce type de marché, ce qui a permis à ce marché de se contracter.

Ce marché est déloyal pour la simple raison qu'il est régi par un régime qui favorise les non résidents alors qu'on considère que c'est aux résidents de devoir bénéficier de certains avantages. En plus, ce marché n'obéit pas au respect du cahier des charges qui régit les revendeurs "normalement" agréés pour qu'ils puissent se soumettre au règlement fiscal et autres.

Pour vous donner un ordre d'idée, la plupart des concessionnaires sont en train de développer une nouvelle activité de vente des voitures d'occasion dans le cadre des reprises que nous souhaitons mettre en place pour nos clients. On a ainsi dû se soumettre à la réglementation et signer un autre cahier des charges pour pouvoir être capable de distribuer des voitures d'occasion alors que sur le marché parallèle on trouve encore des gens qui continuent à exercer en toute impunité.

Pensez-vous à ce niveau que l'Etat ne joue pas son rôle ?

Certes il y a eu une amélioration au niveau des Douanes, du contrôle et du suivi des sources de financement, mais il faut faire appliquer la loi en vigueur et notamment que tous ces concessionnaires non-agréés devraient se soumettre en conformité avec la loi.

On sait très bien que le marché parallèle fait partie d'un certain équilibre entre l'offre et la demande. Ce que nous demandons est de soumettre les acteurs de ce marché en conformité avec la réglementation en vigueur. Et c'est notre principale préoccupation.

L'année 2012 a connu l'entrée des Groupes Amen et Poulina dans le capital de la société. Quel est l'apport de ces deux grands Groupes tunisiens sur les plans financier et stratégique ?

La société a connu une période de turbulence puisqu'au bout de six ans de sa privatisation elle s'est retrouvée dans une situation de confiscation avec sa mise sous tutelle d'un administrateur judiciaire. En termes de gestion d'entreprise et de développement, la période de confiscation n'a pas du tout été facile pour pouvoir préserver les acquis de l'entreprise et son fond de commerce à savoir les marques que nous représentons.

L'arrivée des deux nouveaux actionnaires majoritaires avec une volonté de leur part d'assurer la continuité dans le management de l'entreprise, a été de très bon augure et d'un effet très positif. En plus du soutien financier de ces deux grandes entreprises tunisiennes, elles nous ont aidé dans le cadre d'une meilleure gouvernance et des synergies que nous avons pu développer avec les entreprises des Groupes Amen et Poulina notamment dans le domaine de la banque, du leasing et de l'assurance.

Nous avons aussi bénéficié d'un certain niveau d'expérience de ces Groupes ce qui nous a permis de travailler en étroite collaboration à travers des comités stratégiques sur l'élaboration du devenir d'Ennakl. Je dirais même que si la société a pu connaitre les performances qu'elle a connues ces dernières années c'est certainement en grande partie grâce à la politique et la gouvernance qui ont été établies par les nouveaux actionnaires ainsi qu'à la stabilité financière qui a rassuré nos partenaires.

Aujourd'hui, Ennakl considère qu'avec son savoir faire et son expérience dans le domaine de la distribution automobile, de nouvelles opportunités s'offrent à elle et notamment l'idée d'exporter son savoir-faire sur d'autres territoires africains. Pour ce faire, nous avons constitué une nouvelle structure qui s'appelle AFCAR qui va nous permettre de nous développer sur le continent et notamment en Afrique de l'Ouest avec pour l'instant gérer un premier pas en Côte d'Ivoire et au Sénégal.

Pour l'instant, nous avons eu l'accord de la marque SEAT pour ces deux territoires et nous attendons les autres marques du Groupe en fonction bien sûr de leur présence ou pas sur ces territoires.

 

Publié le 28/03/17 12:02

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