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Karim Ammar: 'Poulina Group Holding a investi 1,1 milliard de dinars depuis son introduction en bourse'

Par Omar El Oudi, le 25/05/2015

Omar El Oudi

Héritier annoncé de Abdelwaheb Ben Ayed à la tête de Poulina, premier groupe privé en Tunisie, le Directeur Général Adjoint, Karim Ammar, prend de l'envergure et gagne en visibilité. Agé de 52 ans, il est titulaire d’une maîtrise d’économétrie décrochée à Grenoble et d’un MBA en finance obtenu à Chicago. Il a intégré Poulina en 1990 avec une trentaine de jeunes diplômés.

Confortablement installé dans son vaste bureau, le Directeur Général Adjoint analyse volontiers les derniers résultats du groupe. 

Comment s’est portée l'activité de Poulina en 2014 avec notamment la baisse des exportations vers la Libye ?

L’année 2014 a été une année difficile et dure surtout à partir du deuxième semestre. Cette période s'est distinguée par les problèmes économiques qui se sont traduits par la baisse du pouvoir d’achat, le ralentissement notable au niveau de la consommation et par conséquent l’arrêt des investissements. Et si on rajoute la baisse des exportations vers la Libye ou encore l’Algérie, nous remarquons que la situation s’est compliquée davantage.

Mais malgré tous ces problèmes le groupe Poulina a réussi à faire mieux que l’année 2013. Et cela n’a pas été de tout repos. Nous avons continué notre politique d’investissement parce que l’on croit toujours au développement en Tunisie mais plus de la même façon. Le contexte a changé et le comportement du manager a dû changer en conséquent.

En termes de résultats, on a enregistré une croissance par rapport à 2013, mais j’estime que l’année 2015  sera largement meilleure que 2014. 

Qu’est ce qui a changé au niveau du management de Poulina après la révolution ?

Le changement dans la gestion du groupe après la révolution consiste en la façon de gérer nos entreprises, la manière d’aborder les nouveaux projets  et  le choix  des secteurs à développer.

D’ailleurs, durant les quatre dernières années, vous pouvez remarquer  une amélioration structurelle au niveau de tous les ratios du groupe, puisque nous avons investi en 2010 et 2011 dans la réorganisation de nos usines, la façon de gérer et même dans des expansions stratégiques qui  ont commencé à donner leurs fruits à partir de 2014.

Depuis trois ans, Poulina a accéléré sa diversification dans les services afin de rééquilibrer son portefeuille d'activités vers des secteurs non industriels avec la signature de plusieurs partenariats stratégiques. Pourquoi cette nouvelle stratégie ?

Il est vrai que Poulina a décidé de rentrer dans de nouveaux secteurs comme celui de l’automobile avec l’acquisition de la société Ennakl en partenariat avec le groupe Ben Yedder et nous ne regrettons pas de l’avoir fait. Les résultats dégagés par le concessionnaire en témoignent. Mais en outre, Poulina a conclu des alliances stratégiques avec de grands groupes tunisiens  et étrangers spécialistes dans les secteurs des services technologiques.

Après la révolution, nous avons décidé de rentrer dans un secteur qui est quasiment inexistant en Tunisie, mais qui a, en revanche, un potentiel très important. C’est le secteur de l'IT. Poulina voulait être la locomotive en Tunisie dans ce domaine avec la conclusion de plusieurs partenariats avec des sociétés comme OXIA et Intrinsec France afin de mettre en place l’infrastructure nécessaire pour pouvoir développer des plateformes de sous-traitance à  l’international.

Après les 175 millions de dinars d’investissements en 2014, Poulina compte mieux faire en 2015 ?

Bien évidemment. Pour 2015 et 2016 les budgets alloués aux investissements seront autour de 160 millions de dinars chaque année. La majorité de ces investissements sera au profit du secteur de l’intégration avicole. D’ailleurs les secteurs de l’intégration avicole et des produits de grande consommation se sont accaparés 70% de nos investissements en 2014.

Par ailleurs, le groupe compte s’orienter vers le secteur de l’éducation et des énergies renouvelables.

Dans le domaine de l’éducation  nous comptons investir pour former techniquement et socialement les demandeurs d’emploi afin de leur garantir une intégration facile au sein des entreprises, et ce à travers des partenariats avec des formateurs tunisiens et étrangers. Cela  ne se fera pas du jour au lendemain, mais les résultats auront un impact à long terme sur le marché de l’emploi tunisien.

Pour ce qui est  des  énergies renouvelables nous travaillons actuellement  sur  des  projets  et des partenariats qui contribueront  au développement de ce secteur.

Je tiens à rappeler que depuis son introduction en Bourse, le groupe Poulina a investi 1,1 milliard de dinars dont 800 millions de dinars après la révolution. 

Outre les secteurs, Poulina s'est aussi diversifié géographiquement. Où on-est vous des nouveaux projets sur le continent ?

Notre objectif est de s'implanter davantage dans les pays subsahariens. Actuellement nous sommes très satisfaits du rendement de notre usine de margarine au Sénégal et nous comptons poursuivre nos investissement  dans ce pays.

Notre ambition est d’investir sur le marché africain, qui n’est pas un marché facile d’accès du fait du manque d’accompagnement des institutions représentatives de la Tunisie (ambassades, chambres de commerce etc..), ainsi que du manque des ressources tunisiennes désireuses de s’expatrier dans ces régions. Il est vrai qu'il y a des sociétés tunisiennes qui se sont installées dans ces pays mais le facteur chance reste très important.  

Il n’en reste pas moins que nous sommes en phase de préparation de projets de développement sur le continent africain. 

Concernant le comportement boursier de l'action PGH, cette dernière ne cesse de se déprécier. Pourquoi la société n'intervient pas pour régulariser son cours à travers, entre autres, un contrat de liquidité?

Les investisseurs en Bourse sont convaincus que Poulina reste une valeur sure et que son potentiel est là et qu'elle est actuellement largement sous évaluée.  L’action PGH est une action patrimoniale et non pas une action spéculative. Il est vrai qu’elle n’attire pas les opportunistes et les  spéculateurs mais plutôt les bons pères de famille qui veulent être certain d’avoir un patrimoine qui a des fondamentaux très solides. 

Nous, en tant que gestionnaires, notre rôle est de faire avancer le business pour reprendre la croissance qu'on avait avant. Nous savons que le potentiel est là et que lorsque les éléments conjoncturels (Algérie et Libye) s'arrangeront la situation s’améliorera très vite.

Pour finir, je tiens à vous annoncer que Poulina a créé 1.100 emplois depuis la révolution et on se considère comme étant une société citoyenne au vrai sens du terme.

 



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