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Free Adel Dridi !

Par Ismail Ben Sassi, le 27/06/2013

ismail ben sassi

Né dans une famille modeste à Tunis dans le quartier populaire de la Kabaria, Adel Dridi, le Madoff tunisien est un entrepreneur autodidacte. Il fonde en 2011 Yosr développement, sa propre société d'investissement.

Réputé intuitif et très religieux, cela lui a permis de gagner la confiance et la sympathie des habitants des quartiers populaires en leurs promettant de hauts  rendements sur leurs placements. Ces derniers ont cru à la supercherie et y ont laissé des plumes et certains ont même vendu le peu de biens qu'ils possédaient pour adhérer au système de Yosr Développement.

En quoi consiste le travail de Adel Dridi ?

Adel recevait de ses clients des capitaux à gérer, qu'il prétendait investir et promettait des rendements de 180% alors que depuis la révolution le rendement du marché boursier en Tunisie est négatif.

Il prétendait ainsi rendre 280 dinars à ses clients qui lui en donnait 100. Mais au lieu de placer l'argent pour le fructifier, Adel utilisait l'argent des nouveaux clients pour le donner aux anciens investisseurs. En d'autres termes, 180 dinars de gain des 280 dinars étaient simplement issus des sommes prêtées par les nouveaux investisseurs, ce qui a permis à l'escroc de vivre pendant des années dans le plus grand luxe et de jouer au philanthrope.

Où réside la supercherie ?

Le mécanisme de fraude de Yosr développement qui existe partout dans le monde depuis plusieurs décennies, reposait sur une très veille pratique appelée "la Pyramide de Ponzi", Adel utilisait donc l’argent des uns pour les reverser aux autres. Un système pyramidal qui ne pouvait fonctionner qu’à condition que tout le monde ne souhaite pas récupérer son investissement au même moment. Ainsi, ceux qui récupéraient leurs investissements étaient satisfaits des rendements exceptionnels quand les autres espéraient une satisfaction future d’après la réputation de l’escroc en chef. Ignorant évidemment que Yosr Développement, en vérité, dilapidait le capital de ses clients.

Comment le fraudeur a-t-il pu échapper au contrôle pendant plusieurs années?

La Banque Centrale de Tunisie est pointée du doigt pour ses nombreuses défaillances. En effet, pendant 2 ans et demi d'activité, le Madoff tunisien n'a jamais été inquiété par d'éventuelles enquêtes. Pire encore, sa société n'est même pas enregistré auprès de la BCT et cette dernière l'a arrêté au mois d'avril pour enquêter avec lui avant de l'avoir vite relâché sous la pression de ses clients qui ont manifesté devant le siège de la Banque Centrale.

Un cas isolé ?

Il y a sans doute d'autres "Madoff" en Tunisie qui profitent de la crédulité des gens. Depuis ces dernières années de nombreuses personnes qui faisaient la même arnaque basée sur la pyramide de Ponzi ont été arrêtées à travers le monde. Rien qu'en France on compte 6 "Madoff" interpelés ces deux dernières années !

Le mécanisme est toujours le même, ils exploitent la cupidité et la naïveté des gens qui pensent que l'on peut gagner de l'argent facilement. Devant les rendements astronomiques promis, les clients se laissent endormir et oublient tous leurs principes de précautions.

En finance il y a une règle immuable : s'il y a un rendement élevé, il y a un risque élevé. Si le rendement est faible, le risque est faible. Partant de ce constat, on est mieux protégé contre les beaux discours.

Quel est le montant de l'escroquerie?

Selon les premiers éléments de l'enquête, les autorités estiment que Yosr Développement avait plus de 60 000 clients dont les montants d'investissements varient de 2000 dinars à 300 000 dinars.

Aujourd'hui, Adel Dridi risque plus de 100 années de prison pour son escroquerie mais depuis son arrestation, des centaines de citoyens arnaqués se rassemblent devant le pole judiciaire et financier de l'avenue Mohamed 5 et devant le siège d'Ennahdha, en criant "Free Adel", croyant toujours que c'est un bienfaiteur !



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